lundi 23 juillet 2007

PLANE DEAD


Une grosse daube bien Z, c'est ce qu'est ce film qui s’annonçait à priori sympathique, grâce notamment à la présence d’acteurs aux noms aussi exotiques que rigolos (Raymond Barry, y’a aussi Spielberg qui joue un toubib, mais c’est David Spielberg !). Alors déjà il ne faut pas s’attendre à un film de zombies (le titre américain étant pourtant Flight of the Living Dead – je n’ose croire qu’il ne s’agit là que d’une manœuvre bassement commerciale) car point de morts vivants dans cette pénible pellicule qui loucherait plutôt du côté de 28 jours après (logo biohazard sur l’affiche compris). Cette bonne petite merde ne fait pas que reprendre le thème des infectés du film anglais mais reprend également leur look et leurs sifflements/grognements (mais ici mixés n’importe comment). Essayant d’alterner les scènes marrantes et celles plus sérieuses comme celles au Pentagone avec 3 pauvres figurants censés représenter une cellule de crise – le film tentant de palier au manque de budget par des dialogues inspirés (du style "passez moi le président", "nous avons perdu le contact radio", "nous risquons la destruction des USA"). N’allons pas par quatre chemins, toutes les scènes du film sont globalement ratées et les essais comiques transforment un truc qui refoulait déjà sévère en purge pour le coup particulièrement navrante : l’infecté japonais qui reste accroché à son fauteuil (même l’acteur semble avoir honte) la grand mère qui tente de mordre un gars sans son dentier, (ils se sont sentis obligé de rajouter un dialogue qui explique la blague, on imagine qu’ils en étaient particulièrement fiers) la meuf qui tue une infectée d’un coup de parapluie dans la bouche avant d’ouvrir celui ci… Ce film d’horreur n’a finalement de sinistre que son humour ! De plus, le carnage sait se faire attendre grâce à une longue et pénible mise en place (50 minutes) et lorsque ce carnage finit par s'emballer on regrette bien vite les scènes de dialogues comme les considérations des hôtesses de l’air sur les boites parisiennes ! Les scènes d’attaques sont toutes les mêmes, et surtout sont d'une constance incroyable dans la manière d'être filmées n’importe comment dans un jem’enfoutisme qui devrait pousser les amateurs du genre à condamner ce film aux oubliettes et le réal à diverses tortures. Si Rushdie doit se planquer depuis des années, Scott Thomas (le gars qui a tourné le film) a la chance que le geek de base n'a généralement pas l'énergie de transformer ses fatwas en actes concrets. De toutes façons ce n’est pas la peine de parler ici de mise en scène, le seul soucis du chef op étant, je pense, d’arriver à cadrer des acteurs tous aussi nuls les uns que les autres. Les maquillages des infectés se résument à une paire de lentille par personne et la direction artistique est un vibrant hommage aux zombies du Lac des Morts Vivants : tout le monde fait juste n’importe quoi, n’importe comment. Probablement tourné par un réal qui devait passer son temps au téléphone, ou à faire à manger ou encore à regarder ailleurs, Plane Dead n’arrive pas à la cheville du pourtant immédiatement has been Des serpents dans l’avion, sûrement à cause d’un budget moindre ! Ce film ne mérite même pas son téléchargement gratuit, alors de là à aller l’acheter… dites vous que l’article élogieux paru dans le Mad Movies de cet été n’est finalement qu’un publi-reportage servant à vendre du plastoc…

mercredi 18 juillet 2007

DIE HARD 4.0


Bon, oui ben c’est nul quoi… Même si je reconnais des qualités évidentes au premier et au troisième volet, je n’ai jamais été très fan de la trilogie Die Hard, mais c’est pas vraiment ça qui m’interpelle pour le coup, c’est plutôt l’évolution des bad guys… Le temps des soviétiques est révolu, ça on le sait. Il est tombé en désuétude à la fin des années 70, revenu en force pendant les années Reagan il a, au début des 90’s, cédé la place à différentes mafias - souvent russes d’ailleurs, on se refait pas ! - ou différentes organisations criminelles. Ceci dit, une partie plus intéressante de ce qu’on appelle les « films de sécurité nationale » concerne la propension des américains à la peur de l’ennemi intérieur. Celui qui insufflera la subversion au sein de la société américaine, la contaminera et provoquera le chaos (Speed, les autres Die Hard). Il craint aussi le pouvoir de ses élites, trop de pouvoir concentré dans trop peu de mains peut être dangereux pour la démocratie (Danger Immédiat). Il craint également l’omniprésence d’une technologie de plus en plus compliquée et dont on est de plus en plus dépendant (Terminator, Wargames). Et ce qui est fou dans le dernier Die Hard, c’est que McLane affronte presque à lui tout seul, grâce à son marcel et à son flingue, l’ensemble de ces trois menaces. Il va les vaincre au prix d’une succession improbables de scènes de baston homériques qui tiennent plus du film catastrophe que du film d’action (McLane défonce plus de trucs en une heure que Godzilla sur 12 films). Ceci dit, dans cette fureur de vengeance expéditive où évidemment jamais n’est remit en cause les modalités de réponse (une balle dans la tête généralement) il sauvera la cohésion de la société américaine. Il la sauvera mais là aussi, bien sûr, il ne questionnera jamais le système qu’il défend, alors que le film pose lui même les questions de l’omnipotence militaire sur les domaines civils. Le bad-guy est une sorte de Fu Manchu qui cumule les rôles : insinuations communistes (on croit rêver) super-méchant à la James Bond qui veut s’emparer de tout l’argent des USA (rien que ça) et savant fou voulant projeter le monde dans le chaos car on ne l’a pas écouté !
Comme film d’action, Die Hard 4.0 est plutôt insipide, grotesque et fatiguant même si il propose sans rire des scènes d’action rocambolesques plutôt impressionnantes (holala un avion de chasse contre un semi remorque, iiiiih une voiture de flic contre un hélicoptère, pffff un 4X4 contre une chinoise qui fait du kung fu… N’importe quoi !)… Par contre, comme sujet d’étude de l’évolution du film de cinéma de sécurité nationale, il est fascinant ! Politiquement également, un personnage principal encore plus con que le propos du film, ça surprend toujours un peu et on se demande si l’antipathie qui se dégage de ce héros n’est pas là pour renforcer l’empathie qu’on peut éprouver pour le méchant qui semble être dans son bon droit, mais qui a le malheur d’avoir planifié LE crime suprême : vouloir piller les fonds de pension ! McLane le conservateur veille au grain… Vivement le 5 !
Pour ceux et celles qui pensent que ces films, dit de Sécurité Nationale, ne sont pas si anodins que ça, ou ceux et celles qui en ont marre d’entendre « mais c’est que du cinéma », « c’est un film d’action te prend pas la tête », je conseille la lecture de l’excellent livre de Jean Michel Valantin : « Hollywood, le Pentagone et Washington » aux éditions Autrement.

dimanche 15 juillet 2007

PATHFINDER


Soyons clair, la seule réussite du film de Marcus Nispel est d’être parvenu à reproduire à l’identique et de manière crédible l’univers de Frazetta grâce à une photo et une direction artistique particulièrement réussie. Incontestablement tout ceci aurait du servir le film et lui offrir sur un plateau une puissance évocatrice, mythologique et épique d’une rare efficacité ! Mais le teuton Marcus Nispel semble prendre plaisir à massacrer la force de son matériau de base en accumulant erreurs et incompétences. D’abord offrir le rôle principal (Ghost) à Karl Urban était peut être une bonne idée s’il s’agissait de trouver quelqu’un qui joue aussi bien qu’une tête de mort ! C’était bien vu, mais c’est quand même raté car sa tronche d’ahuri fait pâle figure face aux vikings et surtout face au toujours impressionnant Clancy Brown dont la barbe et les cornes ont une palette d’émotions nettement plus variées et un jeu bien plus en nuances que ce que notre cher Urban arrive à proposer avec sa dégaine de saucisse aux hormones et son regard bovin. Nispel tricote pourtant autour de lui une histoire dont l’unique ambition semble être de cumuler le plus de clichés et de pompages possible… Les figures obligées de ce genre de spectacles sont donc toutes réunies : massacre dans le village, fabrication de pièges, planque dans les bois… Conan, dont l’influence reste encore écrasante 25 ans après sa sortie, est donc pillé en bonne et due forme (la scène où la grosse endive chevelue manie l’épée fait vraiment pitié), Rambo bien sûr (survival dans les bois oblige), le surestimé 13ème Guerrier, le Dernier des Mohicans, Little Big Man… Bon ok, on est pas forcément là pour avoir un scénario super fouillé, mais si on est incapable d’écrire trois lignes qui n’ont pas déjà été écrites cent fois il vaut mieux en dire le moins possible. Les éléments épars qui mis bout à bout sont censés former une histoire sont clairement traités par dessus la jambe et on se demande juste quelles peuvent être leur utilité à ce niveau !? Love story franchement éculée, tellement éventée qu’elle en devient lourdement pénible, pareil pour la figure du vieux chef à la sagesse en papier crépon qui accumule les scènes d’une aberrante bêtise et d’un ridicule achevé (mention spéciale à la scène sous la glace), l’indien pas cool qui reviendra sur ses a priori et se sacrifiera pour le héros, le sidekick handicapé mais sympa et rigolo qui aidera le héros après que celui ci l’ai préalablement rejeté, les méchants qui rigolent tous bêtement ou qui poussent des grognements chaque fois qu’ils sont plus de 3 dans le cadre… La vraie violence, celle qui fait vraiment mal, est finalement là, dans la bêtise de ces grosses ficelles évidentes qui fouettent le cerveau du spectateur pendant prêt d’une heure et demie, pensant qu’épuisé par la nervosité du découpage il gobera sans rien dire ces fatigantes banalités. Par la faute de ce traitement scénaristique inepte, on est donc pas prêt de s’intéresser aux malheurs de ces indiens, parmi les plus couillons qu’on ait jamais vu à l’écran ! Il ne reste finalement qu’une succession de combats routiniers tous orchestrés autour du gros flan emplumé. Et si c’est dans toutes ces scènes de fight que le film aurait du faire la différence, c’est de nouveau le naufrage ! Contrairement à 300 qui proposait des chorégraphies ridicules traitées par une stylisation outrée, ici, ce sont des chorégraphies brouillonnes, un montage totalement incohérent et des cadrages bien trop serrés qui rendent quasiment toutes les bastons incompréhensibles. Parce que le vrai gros barbare dans cette histoire c’est pas le gros viking, c’est surtout pas Urban la grosse huître bodybuildée non, c’est lui, c’est le monteur, le gars qui a découpé tout ça probablement à la hache de combat et avec un casque posé à l’envers sur sa tête. D’abord ennuyeux le film finit par être totalement indigeste et agace le spectateur qui préférait qu’on lui présente tout ça en carte postale plutôt qu’en long métrage ! Comme si tout ça n’était pas suffisant ce spectacle éprouvant finit d’être sabordé par un score débile qui ne sait que faire et qui n’arrive pas au niveau de la trompe de chasse des vikings, infiniment plus lyrique. Pour conclure ce n’est pas exagérer que de dire que Pathfinder est au souffle épique ce que l’asthme est à l’apnée.

jeudi 5 juillet 2007

LADY IN THE WATER


Voici donc le nouveau film de M. Night Shyamalan dont la carrière ne brille que par la grâce d'un public à l'incompréhensible indulgence. Suite à un premier film réalisé en Inde et à un second totalement inconnu, il sort en 1999 son premier film évènement : Le sixième sens, où l'on découvre étonné à la fin du film que le mort qui parle est un fantôme (ou l'inverse), un bon twist foireux qui aura subjugué toute une génération de spectateurs et qui lui assurera un incroyable succès commercial... Vient ensuite le sombre Incassable qui est sans aucun doute son meilleur film tout en étant loin d'être un chef d'oeuvre. Puis on a alors eu droit au flots de sornettes cosmiques de Signes, purge insondable dont j'ai l'amabilité de ne citer que le nom et surtout aux âneries d'un autre âge proposées dans Le Village, un film qui pousse tellement loin son propos et qui réserve un twist tellement naze qu'il réussit l'exploit d'être encore plus crétin que sa propre parodie dans Scary Movie 4 ! Le réalisateur se met alors à dos la critique tandis qu'un large following de fidèles et de geeks décérébrés suivent aveuglement son oeuvre à l'instar des rats qui suivent subjugués le joueur de pipeau. C'est alors que Shyamalan décide que sa filmographie exemplaire (qui ferait pourtant pâlir de jalousie les ZAZ niveau débilité) peut lui permettre de réaliser un film reposant uniquement sur son don inné de la narration (et accessoirement sur son nom, Disney s'étant prudemment retiré d'un projet dont ils jugeaient le script calamiteux)
Il était donc une fois des Narfs, genre fées des eaux, qui vivaient avec les humains... mais elles furent séparées de ceux ci lorsque ces derniers commencèrent à quitter les mondes magiques... Elles doivent donc essayer d'en retrouver certains pour les "éveiller" tout en évitant les méchants scrunts et puis elles doivent repartir chez elles grâce au grand aigle magique pendant que des singes des bois font la police !
C'est l'histoire que Papa Shyamalan raconte à ses filles pour qu'elles fassent dodo. Comme il est sympa et généreux, il décide d'en faire profiter tout le monde grâce à son immense talent de conteur... Passons vite sur l'histoire à proprement parler du film, elle a beau tenir en 10 lignes (les fillettes de Shyamalan devaient dormir au bout de 5 minutes - sinon elles auraient convaincu leur père de l'insondable crétinerie de tout ça) Shymalan parvient à l'étirer sur 1h50 ! Tourné, ou produit (comme Poltergeist et Gremlins) par le Spielberg de la bonne époque on aurait eu droit à la description d'une petite communauté américaine typique se retrouvant confrontée à un élément fantastique qui provoquerait un boulversement et mettrait le doigt sur les travers, les défauts et les qualités de chacun ! Sans surprise Shyamalan est très très loin de Spielberg (pour tout dire il atteint à peine le niveau de Luc Besson) et sa description des habitants de l'immeuble ne dépasse jamais l'anecdotique, ce sont tous des figures dont la psychologie ne se résume qu'à une seule fonction : le personnage qui ne se muscle qu'un bras, le groupe qui fume, la dame qui aime les chats, le gars qui joue aux mots croisés... Jamais on ne se sentira proche de ces personnages ce qui sera fatal à notre capacité à accepter une histoire abracadabrantesque de fée sortie d'une piscine à laquelle tout le casting semble croire sans sourciller, tout le monde sauf le spectateur atterré. Shyamalan est tellement sûr de lui qu'il ne construit même pas son récit, il demande simplement au spectateur de jouer le jeu d'emblée, trouvant tout à fait normal qu'il se plie docilement à son propos.
L'interprétation est au niveau de la réalisation : absente, vide, creuse. Giametti tente de jouer Richard Dreyfus avec sa barbe et B.D. Howard qui joue comme un canard (uh uh uh) passe son temps à chouiner dans un rôle, certe, peu évident. Au milieu de tout ça Shyamalan filme ses acteurs comme s'il tournait un téléfilm et lorsqu'il ne sait plus où mettre sa caméra, il la fout au plafond, ça impressionne toujours un peu les gogos ! Un petit mot rapide sur les CGI tellement ils sont à l'unisson de ce naufrage général ! Le loup à pelage de gazon est tellement bien designé et tellement bien animé qu'on a l'impression en le voyant d'être dans un film de Jean Marie Poiré avec Clavier ! Ceci dit, c'est un peu chien de faire l'étonné, quand on se rappelle des bestioles des films précédents de Shyamalan, ça n'est guère surprenant !
Alors ce film est, nous dit-on sur certaines affiches, "a bedtime story", oui oui... c'est ça... carrément une histoire à dormir debout ouai ! Car, la première bobine passée, l'efficacité de cette daube soporifique tient toutes ses promesses : tout le monde roupille (casting et équipe technique compris) ! Shyamalan finit alors son film en pensant que plus personne ne le mate, il peut donc tranquillement se branler et se mettre en scène dans une mise en abîme ahurissante de prétention ! Car, bien sûr, c'est lui qui joue (c'est une façon de parler) l'écrivain que la Narf doit éveiller ! Touchée par la grâce divine, son oeuvre marquera profondément les gens et changera le Monde. Le pénible Shyamalan balance donc une comparaison bien osée entre sa propre "oeuvre" et celle de son personnage, nous expliquant en gros qu'il est touché par la grâce divine ! Il a beau avoir une très haute idée de son cinéma, il joue quand même comme un flan, et ce Père Fondateur qui propage la Bonne Parole pour le bien de tous est vraiment tarte à voir et finit par sombrer, en même temps que le film, dans un ridicule absolu. Si Shyamalan avait un peu plus de recul vis à vis de lui même, il devrait plutôt se voir dans le rôle du gars qui vidange la piscine plutôt que dans celui du Messie... Mais bon, il juge que son oeuvre est d'une importance capitale et ça, il n'en démord pas. Il n'oubli pas au passage que les critiques fustigèrent ses derniers chefs d'oeuvre, ils subiront donc les foudres du génie ! Shyamalan se venge par l'intermédiaire du trop rare Bob Balaban (le Chaundra de 2010) qui joue un critique obtus et pète-sec qui finira dévoré dans une scène au "comique" particulièrement mal amené, dont le second degré outrancier est totalement hors sujet avec le rendu pseudo réaliste du film ! C'est à peu prêt du niveau de Jan Kounen qui faisait se torcher un de ses personnage avec un exemplaire des Cahiers du Cinéma dans Daubermann... Vide mais prétentieux, arrogant mais d'une crétinerie sans borne, le dernier Shyamalan a surtout le défaut de ne pas être le chapitre final de la carrière de ce réalisateur détestable.