lundi 1 décembre 2008

DISCO


Masochisme : Le masochisme est la recherche du plaisir dans la douleur. Cette douleur peut-être psychologique (humiliations) ou physique. (wikipedia)

Il faudrait rajouter une ligne à cet article consacrée aux hurluberlus de mon genre qui se posent des questions étranges comme celle-ci : Le nouveau film d’Onteniente est il encore plus mauvais que le précédent ?
Surtout quand on connaît la réponse, ou qu’on la devine aisément par le martèlement promotionnel souvent proportionnel au niveau de nullité du film. Ici la crème de la crème a été réunie, du staff technique au staff artistique tout est là pour faire de l’argent rapidement. Et ce avant même que le public ne se rende compte qu’il se fait vider les poches alors qu’il s’adonne à une vidange de cervelle.
Le mal est fait, Disco flatte le téléspectateur en agitant un guignol autoproclamé comique et venu d’on ne sait où. Frank Dubosc a l’air presque sincère, croit il vraiment que son aventure dans le cinéma fera de lui quelqu’un ? En tous cas quelqu’un d’autre qu’un ringard nul qui fait rire à ses dépends des spectateurs fatigués et prêts à avaler n’importe quoi passé 21h… Dubosc, on l’a pas vu venir, il n’existait tout bonnement pas il y a encore quelques années et telle la crise ou le réchauffement de la planète, il fait partie de ces nouvelles calamités auxquelles il faut dorénavant s’habituer…
Mais le très pénible Dubosc - dont la seule apparition serait j’en suis sûr capable de transformer du gaz hilarant en pet foireux - n’est pas venu seul et autour de lui se pressent has been et wanna be de tous poils. Samuel Lebihan est venu cachetonner mais sa tentative de proposer différentes émotions (au catalogue il y a « surprise », « énervement » ou « colère ») reste malheureusement figée dans ce qui ressemblerait plutôt à ce qu’on appelle la « honte ». C’est dommage car cet acteur est plutôt sympa malgré une carrière en dent de scie alternant le pire (La mentale, 3 Zéros, Frontière(s), Jet Set, Le pacte des loups, Mesrine 2…) et le meilleur (euh…).
Emmanuelle Béart quant à elle, outre faire stresser les geeks avec son imitation de Jar Jar Binks, aurait plutôt tendance à tirer le film dans le pathétique intégral, et le plaisir qu’on prend à s’autoflageller dans l’obscénité d’un tel spectacle s’efface peu à peu devant une gêne certaine ressentie devant cette actrice qu’on n’aurait jamais pu imaginer tomber aussi bas…
Il y aussi Jérôme Lebanner la grosse marmule dont la filmographie est presque intégralement présente dans ce blog (Babylon AD, Astérix 3, Disco et Scorpion, mais je n’ai pas vu ce dernier…) et qui nous livre là sa prestation la plus, euh, surréaliste ! C’est une sorte de cadeau pour les pervers de notre genre, des moments tellement « autre » que rien que pour eux on ne regrette rien, non vraiment rien de rien…
Pour sa nouvelle grosse merde, cet escroc d’Onteniente (une sorte de sous Yann Moix qui mériterait que Pitof lui donne des cours de mise en scène) a réuni sa dream-team - déjà à l’œuvre pour 3 Zéros et Camping - pour torcher ce qu’ils auront réussi à faire passer comme « script » à des producteurs et des distributeurs comptant sur les quelques millions de français qui obéissent de manière pavlovienne aux injonctions de la télé pour remplir leurs salles. Onteniente a donc rappelé autour de lui Dubosc (a-t-il écrit quelque chose de drôle un jour ?), Philippe Guillard et Emmanuel Booz dont le nom raisonne comme une promesse, bien vite tenue !
Pas la peine de faire l’affront de parler d’histoire, de direction d’acteur ou de mise en scène, tout ce petit monde est rassemblé devant une caméra pendant une heure et demie pour une unique raison : faire de l’argent facile et rapide. Très rapide : Le film ne sert qu’à placer des noms de marques avec un aplomb et une grossièreté réservée aux ordures qui nous parlent de « temps de cerveau disponible ». Là c’est évident vu ce que notre cerveau est sollicité qu’il lui reste du temps disponible, il n’a strictement rien d’autre à faire !
Exemple avec ce dialogue totalement déconnecté du contexte de « l’intrigue » et sans aucun lien avec la choucroute : « Quelle sale journée, et en plus il n’y a plus de Kouros chez Sephora » sort Dubosc au débotté, « T’as essayé chez Marionnaud ? » répond alors son pote joué par Abbes Zahmani (il fallait une gueule de con et un faire valoir, c’est ce pauvre bougre qui écope du rôle, je me demande bien à quel point faut il être désespéré pour se retrouver à faire un taf pareil ?!) Et si le film est livré avec trois pauvres blagues minables (et dont aucune n’est drôle) sans que ça ne gêne ni l’infâme Dubosc ni le détestable Onteniente, on a par contre un défilé de pubs qui mériterait à lui seul que le film expurgé de son intrigue inutile soit diffusé sur TF1 entre 20h30 et 21h autour de la météo ! En 1h35 (avec générique) on entend parler ou on voit passer Harrap’s, Manix, La Française des Jeux (Las Végas et Millionnaire), le coiffeur Frank Provost, Adidas, Darty (tout le long du film, logo, magasin, lettre, voiture… c’est carrément un protagoniste de l’histoire), Carrefour, Jardiland, Bricorama, Thomson, Miele, Super U, RTL, Buffalo Grill, Quo Vadis, Sephora, Kouros, Marionnaud, Intel et Paru Vendu. Et j’en ai sûrement laissé passer !

Une telle vulgarité, c’est vraiment l’essence de l’art de se foutre de la gueule des gens. C’est au-delà de tout, c’est même au cinéma ce que Total est à la mouette bretonne, c’est à la comédie ce que la droite est à la justice sociale, c’est le renoncement total en échange de quelques chèques… Totalement malhonnête, c’est encore pire que du mauvais cinéma car l’idée même qu’on appelle « ça » du cinéma est une idée abjecte…
Trop corrompu pour que ce soit un film, trop nul pour être projeté dans une nuit de la pub, Disco prouve qu’Onteniente est mûr pour faire un film avec Clovis Cornillac.

mercredi 26 novembre 2008

BABYLON A.D.


Voilà donc Babylon AD, le sixième film de Kassovitz qui depuis la Haine a enchaîné les flops artistiques mais tout restant un réalisateur bankable apprécié d’un public tout aussi amnésique qu’indulgent. Un petit retour rapide sur la carrière du nouveau génie français d’il y a 15 ans : Après Métisse (un quasi téléfilm primesautier) et La Haine (célèbre film de « société ») il y eu l’ambitieux mais pénible Assassin(s), les grotesques et pataudes Rivières pourpres et l’inodore Gothika.
Et ? Ben c’est tout. Au bout du compte c’est à se demander si Kassovitz n’a pas gardé son aura qu’en oubliant de tourner des films !

Il fut un temps où Babylon AD nous avait été annoncé comme le film de Science Fiction qui allait révolutionner tous les films de SF. Nanti d’une note d’intention plutôt enthousiasmante, Kasso avait ainsi excité tous les fans d’un genre injustement passé en désuétude ces dernières années. Quelques mois plus tard, une fois le film débarqué sur nos écrans, ce même Kassovitz déverse sa bile contre un système de studio autiste et incompétent qui nous aurait mutilé son oeuvre. Il ne resterait donc rien de sa vision dans ce film mutilé, renié et honni !
Un fois n’est pas coutume je vais être beau joueur, et je vais me ranger docilement à l’avis de Kassovitz, il a totalement raison : son film est complètement nul. Pas un peu nul, pas raté, pas décevant, non non, il est juste nul, la plus parfaite et cristalline expression de la nullité dans toute sa déplorable et affligeante ampleur. Il réalise même l’exploit d’être à peu prêt aussi naze que le grand absent de ce blog : 10.000 BC, probablement l’un des plus mauvais film jamais réalisé. Babybel AD est digne d’un navet cultivé à Pripiat, c’est au cinéma ce que la merde est au caca, c’est une aberration qui mériterait que les projectionnistes se mettent en grève, c’est une insulte qui justifierait que les spectateurs aillent casser la gueule aux guichetiers ! C’est une saloperie qui donne envie d’acheter du pop-corn pour pouvoir se venger en huilant les accoudoirs. C’est le genre de film où c’est presque un devoir que de discuter et d’aller pisser toutes les deux minutes pendant la projection. C’est finalement l’inverse exact de ce pourquoi on aime les films. Du cinéma voulu et pensé pour que les gens désertent les salles obscures et se mettent à aimer le foot.

Au-delà de la valeur intrinsèque honteuse du produit présenté, j’ai tout même essayé de mobiliser toutes mes facultés pour imaginer comment quelque chose d’intéressant aurait pu être façonné avec les éléments épars qu’on pioche durant l’heure et demie où l’on est pris en otage par un film se révélant être une véritable agression au lobe occipital !
Passons sur l’histoire incompréhensible mais rocambolesque d’un mercenaire forcément cynique qui est chargé par un mafieux évidemment russe et détestable de ramener une jeune forcément bombasse à une secte cheulou alors que celle-ci s’est faite enfanter par un ordinateur et qu’elle porte en elle des jumeaux qui seront le salut de l’humanité. A ce niveau c’est tellement con que finalement le film gagne à ne pas plus livrer les intentions d’un scénario qui semble pourtant en garder lourd sous la pédale. Avec un truc pareil on pense immédiatement à une production Besson, le crossover parfait entre Banlieue 13 et Le Cinquième Elément.
Et là on se dit, parce qu’on est un peu joueur et qu’on a le sens de l’humour, que si au moins le film avait été réalisé par Pitof on aurait pu enfin savoir ce qu’aurait donné du Max Pecas boosté aux CGI, ou alors on se dit que s’il avait été tourné par Jan Kounen on serait au moins allé sucer des cactus en regardant le film le dos tourné à l’écran. Ou alors carrément, on se dit aussi que s’il avait été shooté par Olivier Megaton on aurait pu directement oublier que le film existe, comme on a tous oublié son premier film et seule autre adaptation de Dantec le facho… La Sirène Rouge vous vous souvenez ? Non ? C’est pourtant le premier film du réalisateur du Transporteur 3. Ok, c’est facile de se moquer, revenons plutôt à nos moutons (électriques).
Avec une telle histoire, un tel scénario et de tels dialogues, on peine vraiment à imaginer que ça soit possible d’en tirer autre chose qu’une pantalonnade grotesque ! Ce qu’on se demande surtout c’est si le scénariste Eric Besnard n’a pas voulu se venger du monde du cinéma, venant tout juste d’être viré de la production de Mesrine... Ou alors c’est purement et simplement un suicide artistique, ou alors je ne sais pas, c’est le Xavière Tiberi de la profession !?

On peut légitimement dire que c’était déjà bien mal parti pour « le film de SF ultime » mais lorsqu’on voit le casting défiler sous nos yeux on aimerait avoir quelques explications : comment quelqu’un a-t-il pu sérieusement proposer ces idées ?! Je veux dire autrement que dépouillé à l’éther pour faire rire ses potes un soir de beuverie ! Ou alors c’est une blague qui a été mal comprise, voir un mémo rédigé un premier Avril qui aurait été pris au premier degré par une stagiaire albanaise autiste ?! Parce qu’il a de la gueule « le film SF ultime » ah ah ah ! Imaginez Depardieu en mafieux russe, Charlotte Rampling maquillée comme une groupie de Klaus Nomie et Lambert Wilson déguisé avec un costume que n’importe quel gamin refuserait d’enfiler pour carnaval. Rajoutons là-dessus Michelle Yeoh en nonne karatéka (elle a une tête de chinoise, alors comme toutes les chinoises elle fait évidemment du kung-fu, même si elle est autant crédible quand elle tape que Laurent Deutsch le serait dans le rôle de Bruce Lee !), la vierge effarouchée est « jouée » par Mélanie Thierry (elle joue aussi mal que toutes les égéries de Luc Besson mais je découvre que c’est en fait une actrice accomplie qui a remporté un prix au festival international de Luchon, respect) et gardons le meilleur pour la fin, le mercenaire bad ass est évidemment le sympathique quoiqu’un peu raide Vin Diesel qui pour ce film a préféré tourner à l’économie, faisant jouer sa parka à sa place sur la plupart des scènes.
Je n’ose même pas évoquer la caractérisation des personnages vu que le script s’arrête bien avant que le concept même de « personnage » n’intervienne.
Le pompon c’est que Kassovitz a du se dire que pour réaliser son « film de SF ultime » il ne suffisait pas d’avoir un pitch con, une bonnasse et un gros tout gonflé, non, il fallait aller plus loin, il lui fallait quelque chose de plus, quelque chose que les américains n’ont pas, la botte secrète, la fameuse « french touch’ », ceux que tous nous envient à savoir les… Yamakazis ! Ils jouent ici une troupe d’on ne sait trop quoi, qui sortent de temps en temps des phrases que personne ne comprend, pas même les autres personnages du film, et qui repartent aussitôt en faisant des bonds. Puisqu’ils sont payés pour ça ils ne peuvent pas courir normalement et sont probablement obligés, par contrat, à faire des galipettes par terre dès qu’ils doivent traverser un couloir. C’est là toute la différence entre rater un film, et insulter les spectateurs. Entre bousculer quelqu’un sans faire exprès et lui coller son poing directement dans la gueule.
Résumons, donc Vin Diesel et sa parka, entre Klaus Nomie et un Dipardiou hilare, accompagné des Yamakazis, du grand prix d’interprétation de Luchon et d’une chinoise (malaysienne pour être exact) qui fait du viet vo dao en agitant les bras, tout ça c’est pour Kassovitz une base intéressante pour pondre son fameux « film de SF ultime »…
Pour la SF je ne sais pas, mais pour la comédie c’est de plus en plus évident qu’il y a un potentiel énorme en France, c’est juste pas fait au bon endroit ni au bon moment. En fait il faudrait juste redistribuer un peu les cartes, franchement, vous ne trouvez pas que Frontière(s) aurait du être réalisé par Dany Boon ? Laugier ne ferait il pas un excellent réalisateur de seconde équipe sur Plus Belle La Vie ? Et Xavier Gens il ferait pas un cadreur formidable pour Un gars une fille, non ?

Bref, c’est évident qu’il y a quelque chose qui ne tourne vraiment pas rond dans le cinéma français.

Revenons rapidement à Babyboule AD, on se disait donc qu’avec un tel scénar’ et un casting aussi carton, Kasso n'hésite pas à essayer de nous faire croire que bien sûr c’est la faute à la prod’ s’il n’a pas réussi à concrétiser le chef d’œuvre qu’il sentait à portée de caméra ! C’est la faute à la Fox, et puis la faute à Vin Diesel aussi ! C’est à cause d’eux que tous les plans sonnent faux, que les bastons sont probablement les plus mal filmées, les plus mal montées et les plus illisibles jamais réalisées ! Et ce n’est pas un euphémisme, Pathfinder à côté c’est du Eisenstein ! Le crêpage de chignon entre Diesel et Lebanner (un boxeur ultra hardcore, fan de cinéma et aperçu dans Asterix 3 et Disco –sic-) est un monument : Deux personnes dans une cage et on ne comprend rien. Et attention, Kassovitz le réalisateur le plus doué de sa génération ne foire pas que ses scènes de pif paf, pour la scène de poursuite en moto neige il arrive à faire pire que la poursuite en ski de Rien que pour vos yeux (c’était en 1981…) Des problèmes de continuité et de logique (les personnages rentrent dans un sous marin après des dizaines de réfugiés, en arrivant directement dans la salle de commandement, remplie uniquement du capitaine et de trois marins), des effets spéciaux bâclés et un art-design incohérent (par contre la machine à botox est belle me souffle mon ami dédé) une musique absurde qui te balance un hip hop pouilleux et hors sujet sur l’intro, massacrant la seule scène qui aurait pu être acceptable, du Sepultura servi n’importe comment, à la fin on regrette que la prod’ ne soit pas 100% française parce qu’il ne manque plus que Vitaa ou Doc Gyneco au générique pour parachever le tout. Comble de la malhonnêteté, Kassovitz a finalement fustigé « la bêtise et la violence du film », rappelons que celui-ci est PG-13, c'est-à-dire qu’il doit y avoir trois gros mots, on doit y voir un dos nu, un bout de bisou ainsi que deux ou trois baffes. Ca veut en gros dire que la violence et le radicalisme du film sont du niveau d’un Crocodile Dundee 3 quoi…

En voyant le film on comprend cependant l’idée géniale de Kassovitz. Pour lui, faire son film de SF ultime, c’était en fait pomper à tous berzingues Alfonso Cuaron en y rajoutant une louche de Ridley Scott par-dessus. La conclusion on la connaît, même Kassovitz a honte du résultat. Que ce soit par la faute de la production ou que ce soit la faute à une incompétence généralisée, le spectateur aura juste la satisfaction de savoir ce qu’aurait donné Children Of Men réalisé par un lieutenant de Besson, ou, et je crois que c’est peut être encore pire, ce qu’aurait donné Blade Runner tourné par Enki Bilal.

Pitof, Kassovitz, Megaton, Gens, Richet, si le cinéma était vraiment populaire, vous auriez les tribunaux que vous méritez.

lundi 27 octobre 2008

MESRINE : L'INSTINCT DE MORT


L’Instinct de Mort est le premier volet du diptyque consacré au célèbre Jacques Mesrine. Fort d’une promotion mastoc dans les médias, on dépoussière le mythe tout en (r)assurant qu’on n’a pas cherché à idéaliser la puissance romantique de la carrière du plus célèbre bandit que la France ait connu.
Produit par le Langmann le foncedé, L’Instinct de Mort ainsi que la seconde partie Ennemi Public n°1 a connu des années de développement hasardeux avant de terminer sous la caméra de Jean François Richet et incarné par Vincent Cassel. Nanti d’un budget bien confortable (plus de 20 millions d’euros pour celui-ci, 45 au total) et porté par une promo rouleau compresseur, bénéficiant d’un sujet en or et d’un casting vendu comme prestigieux, L’Instinct de Mort était la promesse française de la rentrée. Oublié le gros rouge et ses légions à la con, ridiculisé le Bond pleurnichard qui a perdu sa copine, c’est Mesrine l’évènement de la rentrée. La critique est unanime, ou pratiquement : C’est un spectacle trépident, nerveux, une leçon de cinéma à l’américaine et surtout, surtout, Cassel ! On lit un peu partout que son interprétation serait monstrueuse, on évoque Lee Marvin ou Widmarck… En une semaine passé à la trappe la prestation du comique dont on a déjà oublié le nom et qui a joué Coluche !
Alors, pour être sincère, j’étais plutôt emballé par le projet, le choix des protagonistes (Richet et Cassel) était assez excitant et avec un petit peu de naïveté on pouvait espérer que Langmann finirait par produire un film correct… Et pourtant, en sortant de la salle, je ne suis guère surpris. Un navet de plus au compteur pour le producteur, une interprétation en roue libre de plus pour Cassel et une preuve de plus que Richet régresse lentement mais sûrement de film en film !

La première chose qui cloche dans ce qui s’apparente au final à un épisode inédit de la truculente série des Cordiers Juge et Flic, c’est avant tout le script. Ecrit par le scénariste de la série télé La Commune, le film fait le choix surprenant et peu subtil d’enfiler des scènes à fond la caisse, chacune ayant généralement une idée (et une seule) à faire passer : Mesrine le raciste, Mesrine le gentil papa, Mesrine le méchant mari, Mesrine le flambeur, Mesrine le dur à cuire… On a ainsi un empilement de tableaux plus ou moins inspirés qui défilent tous à fond la caisse (2 minutes en Algérie, 2 pour la rencontre avec Jane Schneider, 5 en prison, 3 pour l’évasion etc etc etc). La fragmentation ainsi créée (et qui m’a rappelé ce qui m’avait gêné sur L’Ennemi Intime de Siri) finit par produire un film sans narration et au rythme incohérent débouchant inévitablement sur une histoire sans enjeux et donc sans aucune émotion. Cet enchaînement frénétique débouche également sur une gestion calamiteuse du temps : à aucun moment on a l’impression que les années défilent, des mois en prison passent comme si c’était deux jours... C’est donc plat, et assez vite on se fait poliment chier.
Le film n’a aucune vision globale de Mesrine à offrir, se refusant juste une iconisation romantique du personnage. D’ailleurs la seule question sur le personnage que les medias se posent, et c’est une des seule question que le film traite c’est… Faut il dire Merine ou Messerine ?! Tout juste navrant…
C’est surtout navrant quand on connaît le matériau de base, raconter dix ans en deux heures c’est bien sûr pas évident mais pourquoi n’avoir pas eu recours à la voix off ?! Certains passages du livre semblaient idéals pour ça, et cette solution aurait permis de faire respirer le rythme du film tout en faisant progresser les enjeux psychologiques et politiques auxquels Mesrine s’est confronté. Bon, ça, lorsqu’on voit le film on se rend compte qu’ils s’en foutaient éperdument alors on voit ainsi à la place les extraits de sa vie défiler progressivement. Finalement, c’est le cul coincé dans notre fauteuil qu’on passe le temps à noter l’exactitude de tel ou tel détail (la valise au début du film est bien bleue, c’est bien telle banque qu’ils ont attaqués, les barbelés du QHS correspondent aux photos…), à se faire des remarques sur le choix d’un casting rigolo (Guido le vieil italien incarné par Depardieu pourquoi pas, Schneider qui avait fait flasher Mesrine car elle ressemblait à Annie Girardot incarnée par Cécile de France c’est marrant, Lellouche en Paulo c’est comme si Dubosq allait jouer Broussard…) et finalement jauger les choix du scénariste d’éclairer tel épisode ou de couper tel autre.

Sur ce dernier point, on remarque étrangement que tout ce qui pouvait donner du sens a été éludé, et notamment dans la partie au Québec. La description du paradoxal univers carcéral québécois (prison modèle et QHS inhumain), la personnalité de Mesrine, son rapport à la violence (ultra caricaturale dans le film) à la société et à l’enfermement, le procès à propos du meurtre de la vieille aubergiste que Mesrine a gagné et qui a provoqué en lui une véritable rupture et qui fut un moment suffisamment important pour qu’il décide d’écrire un livre sur cet épisode. Oubliées aussi les raisons qui poussèrent Mesrine et Mercier à retourner au QHS pour libérer les prisonniers, oubliés les autres prisonniers qui s’évadèrent avec eux… La psychologie reste paresseusement à un niveau si misérable qu’un logo Europa ne m’aurait pas surpris : le jeune Mesrine sous la coupe du vieux parrain paternaliste, au secours ! Je me souviens avoir trouvé la mythologie mise en place dans La Mentale par Bibi Naceri confondante de nullité, mais on est bien ici dans le même type de « réflexion » et de clichés. Rien de politique, rien de profond, aucune réflexion, aucun discours… Que de l’esbroufe vaine, sans saveur, vide. Et si le personnage de Mesrine n’est pas écrit, c’est peu dire des personnages secondaires qui ne gagnent aucune épaisseur entre ce qu’on pouvait en voir dans le teaser et ce qu’on en voit dans les 113 minutes du film ! Je ne parle même pas de la police qui n’existe ni en France, ni au Québec !
Ensuite, et c’est quelque part là le plus stupéfiant, c’est que le scénario élude sans aucun scrupule les moments les plus cinématographiques. Les passages en prison, les évasions, les tentatives d’évasions sont quasiment tous passées à la trappe, mis à part l’inévitable passage du QHS de St Vincent de Paul. Les attaques de banques à répétition oubliés (seulement deux scènes de braquage dans un film sur Mesrine, c’est aberrant) la chronique carcérale dégagée (on a l’impression que Mesrine ne passe que trois jours en taule dans le film, ce qui ruine en partie la caractérisation du personnage) et puis il y avait les scènes qui auraient pu en jeter, Mesrine et Schneider en cavale qui passent par Cap Canaveral pour voir le départ d’Apollo XI par exemple.
Dans une mélasse scénaristique pareille qui ferait passer un épisode de la Crim’ pour une fresque épique au souffle romanesque ébouriffant ou un obscur Navarro pour un polar hard boiled tendu du slip, on pourrait se dire que Richet s’est rattrapé en privilégiant l’action. Richet le lascar des cités qui parlait de Marx sur la plage de Cannes, Richet qui finit par réaliser son hommage à Carpenter (en l’assassinant proprement soit dit en passant)… Richet qui ne sait plus quoi faire depuis qu’il a filmé ses potes en train de galérer sur des bancs avait là un sujet en or ! 50% lascar français, 50% action à l’américaine, le fantastique sujet du film aurait normalement du lui offrir l'occasion de boucler la boucle !

Et ben cette boucle, on peut l'oublier ! Richet n’a pas fait le grand huit, sa réalisation s’apparente plus à un saut à l’élastique sans élastique. De moins en moins bon, pour finir de plus en plus mauvais… Richet tente régulièrement de mettre une idée visuelle dans son film, de manière régulière, genre une toutes les dix minutes. Et systématiquement, il les rate toutes. La scène où Mesrine et sa femme sont dans leur appart’ semble provenir du flash back familial d’Un air de Famille, on dirait qu’il a tenté de refaire la même scène mais avec une steady cam rouillée tenue par un myopathe narcoleptique ! Comme s’il manquait un rail sur le travelling ! Par contre il y en d’autres qui ne doivent pas en manquer de rails, vu les idées pataudes et foireuses qu’on nous sert de manière péremptoire : Mesrine est à l’isolement, houlala ça va pas fort dites moi, alors pour nous montrer qu’il a la tête à l’envers, la caméra le filme de travers, puis fait un 360… Quelle audace filmique, quel brio, quelle virtuosité ! Mais au-delà de ces coquetteries que n’ose même plus faire ma petite cousine avec son caméscope lorsqu’elle filme les repas de famille, Richet foire complètement ses scènes dès qu’il s’agit de filmer autre chose qu’une discussion en gros plan dans un bureau ! La scène de torture en prison était déjà ratée, mais la suite semble avoir été shooté par le petit frère du réal de seconde équipe d’un épisode du Commissaire Moulin ! L’évasion rendue possible grâce au copain qui fait ouaf ouaf, c’était déjà bien con… Mais lorsqu’arrive LE clou du spectacle : le retour des deux évadés armés jusqu’au dent au QHS, le film d’une sobriété qui ferait passer un épisode de Plus Belle la Vie pour une épopée de David Lean, se permet d’un coup de nous refaire la fin sur le parking de Ma 6T Va Cracker ! Si le scénario serpente dans les sombres abysses de la facilité, Richet atteint quant à lui les vertigineux sommets de l’incompétence ! Cette scène reprend un fait réél époustouflant : deux hommes retournent au QHS dont ils se sont fraîchement évadés pour aller libérer leurs camarades en leur envoyant des armes. C’est un acte de solidarité incroyable d’une puissance évocatrice folle, c’est le climax du film et c’est à partir de ce moment là que Mesrine sort du gangstérisme classique. Mais du haut de sa montagne Richet décide que pour booster sa scène il a absolument besoin d’en rajouter, puisqu’il la filme et la découpe comme s’il s’agissait d’une scène d’action d’un épisode de Julie Lescaut. Clin d’œil à son cinéma ou au cinéma qu’il aime, il se permet donc de modifier l’Histoire en montrant quatre ou cinq matons et deux prisonniers se faire descendre dans une scène censée être tire larmes et qui à part au flanc ne tire finalement rien du tout ! C’était pas suffisant que ce soit nul, Richet rajoute donc de l’action là où ce n’était pas nécessaire (comme pour la mort violente de Guido), ratant par là l’évocation de cette attaque et tente de rattraper le coup avec une exagération de la violence qui de toutes façons ne sauve absolument pas la séquence mais ruine allègrement la logique historique… Après quatre matons flingués, le statut de Mesrine et Mercier n’est de fait plus le même, et le passage des deux gardes forestiers abattus devient pour le coup carrément caduque !

Alors quoi ? C’est parce que les journalistes du tout Paris flippent de se prendre un coup de boule de la part de Langmann qu’ils sont presque tous unanimement content de ce qu’ils ont vu ? Est-ce que Langmann a menacé le journaliste de Télérama de l’emmener faire un tour dans une grotte à Creil pour qu’il compare cette scène à Luke La Main Froide ou à L’Evadé d’Alcatraz ?!

Si fondamentalement la nullité tous azimuts de la réalisation de Richet n’est pas en soi une énorme surprise, je suis plus troublé par le budget confortable dont a bénéficié le film : un peu plus de 20 millions d’euros. Pour ce tarif on pouvait espérer une reconstitution ambitieuse du Paris des années 60 mais là encore c’est une gabegie totale ! On ne croit absolument pas à l’époque, on ne se sent jamais dans les années 60 et on n’a aucune sensation du temps qui passe. Deux scènes en pleine rue, trois fringues kitchouilles et deux bagnoles ! Ca va c’est facile de reconstituer l’époque quand le film est essentiellement tourné en intérieurs où il n’y a presque aucun figurant mis à part une scène de bal et une autre de casino ! Au final le film parait avoir été tourné avec le même budget que le téléfilm passé sur TF1 l’année dernière dans lequel un sosie d’Alain Chabat jouait Mesrine ! Où est passé le pognon ? Cassel serait-il meilleur que Mesrine pour vider les banques ?! Et qu’on n’aille pas dire que tout est passé dans le budget moustache/perruque !!!

Alors c’est scénaristiquement brouillon, ça n’a rien à dire et c’est artistiquement nul, le film a donc du mal à rendre justice aux acteurs. Comment juger leur prestation alors qu’ils sont tous réduits à jouer des personnages de bande annonce ? Dupuis fait ce qu’il peut, l’accent québécois l’aidant quand même à mâchouiller des dialogues qui ont oubliés d’être écris. Lellouche joue comme s’il était dans un clip de Seth Gueko et le rôle de Cécile De France s’arrête à porter des lunettes de soleil. Depardieu quant à lui est généralement posé là (il n’a qu’une scène debout, sûrement trop cher à assurer pour la prod) et récite sérieusement son texte sous son gros nez, persuadé qu’au milieu d’un tel désastre, un remake terrine camembert de Brando dans le Parrain suffira largement. Et le pire c’est qu’il a raison ! Et Cassel alors ? On lit partout qu’il « bouffe l’écran », si cette nouvelle expression à la con veut dire qu’on ne voit que lui, c’est tout à fait juste. Si c’est pour dire qu’il irradie de talent c’est sacrément exagéré. Pris dans un film qui ne dit rien et qui n’a aucun point de vue, ni scénaristique ni visuel, l’interprétation de Cassel évolue au fil des scènes. Sans progression logique de l’histoire, Cassel se borne à interpréter son Mesrine comme bon lui chante, en totale roue libre, tantôt comme ci, tantôt comme ça, tantôt avec du pain de mie dans la bouche et un accent paysan, tantôt avec une moustache et tout nerveux… Parfois juste, parfois à côté de la plaque, pour un résultat sans aucune cohérence, à l’image du (télé)film. Durant ces presque deux heures on voit surtout Vincent Cassel jouer, il joue Mesrine peut être mais à aucun moment on a la sensation de voir Mesrine en action... On n’y croit pas et vu la nullité du film il faut être vraiment motivé pour s’immerger dans l’histoire !

En conclusion, cet Instinct de Mort est un sacré navet qui arrive à réaliser l’exploit de ne rien avoir à proposer du tout, tout en ratant tout ce qu’il entreprend. Lorsque je lis ici ou là que la suite est nettement plus faible, je n’ose pas imaginer le tableau ! J’irai sans doute de nouveau au cinéma, pour faire la suite de cette note et dans l’espoir de passer deux heures de franche rigolade.
Et puis malgré tous ses défauts, le diptyque Instinct de mort / Ennemi Public n°1 a une qualité indéniable, une qualité que même ma mauvaise foi ne peut passer sous silence, une qualité si grande qu’elle sauverait presque le film : Clovis Cornillac n’est pas au générique. Rien que pour ça, merci.


PS : N'hésitez pas à aller lire les commentaires de cette note, puisqu'on y creuse un peu le sujet ;)

mercredi 8 octobre 2008

DANTE 01


Voila donc le premier long métrage de Marc Caro qui jadis avait réalisé avec son compère Jean Pierre Jeunet l’excellent Delicatessen ainsi que la soporifique Cité des enfants perdus. Depuis Jeunet a connu le succès et Caro, lui, a travaillé avec Pitof, et Jan Kounen. C’est dire si le garçon doit avoir les boules.
Et c’est sûrement parce qu’il a les boules qu’il a voulu impressionner tout le monde avec un film de SF mystique. C’est un peu plus sérieux que les intrigues très France-pantoufle de son ancien collègue. Et forcément pour en jeter, le plus simple dans ces cas là c’est de pas se casser la tête à écrire une histoire mais de balancer n’importe quoi à la gueule des gens pour qu’ils aient l’impression qu’il y a quelque chose à saisir, pour que les étudiants puissent étudier et que les critiques critiquent. Avec un peu de chance un mauvais papier dans Télérama permettra de prendre une position d’auteur véritable, un lynchage sur internet sera le signe évident d’un génie incompris…
On a donc pour l’ânerie qui nous préoccupe aujourd’hui un prisonnier du nom de St George (Lambert Wilson) qui déboule à Dante01 une prison de l’espace en forme de crucifix où les autres prisonniers s’appellent Moloch, César, Bouddha, Lazare ou Attila et où les deux scientifiques qui bossent sur les méandres tourmentés de l’âme humaine s’appellent Perséphone et Charon. Pas la peine de vous expliquer à quoi renvoient ces différents noms, c’est juste pour faire mystique (Caro a vu ça dans Matrix, ça marchait très bien). Car bien sûr le réalisateur s’astique le jonc à l’idée qu’avec des patronymes aussi connotés et qu’en commençant son histoire par « il était une fois » ça va donner de l’ampleur à son scénario, évidente parabole du destin de l’humanité. Pas la peine non plus de se demander pourquoi ils sont tous rasés à blanc, il a vu ça dans Alien3
Le problème, c’est que si on se jette par la fenêtre au cinquième étage, c’est pas en se foutant une plume dans le cul que ça changera quoi que ce soit au résultat, mis à part qu’en plus de se casser la gueule, on aura l’air con… Et toutes ces citations foireuses, c’est autant de plumes que Caro plante dans le cul de son film.
Mais ne nous laissons pas distraire par l’évidente prétention du désopilant postulat de départ et reprenons le résumé de l’histoire pour ceux et celles qui n’ont pas perdu 80 minutes de leur vie à regarder la piètre et poisseuse conclusion de cette branlette ridicule. Donc, St George ne peut pas mourir, il est insensible aux gaz et il arrive à soigner les gens par apposition des mains en sortant des raviolis lumineux qui symbolisent le mal puis en les dévorant comme si c’étaient des gros cafards d’une épreuve de Fear Factor. Une heure plus tard, alors que tout le monde va mourir car la station a bêtement quitté son orbite, les raviolis encerclent son cœur et puisqu’il s’est nourri de nos peurs, de nos maladies donc de nos pêchés, il est temps pour lui de nous sauver, ça aura pris 88 longues minutes, et 26 euros pour le dvd merci !
Si le film se veut aussi sérieux que 2001 et la Bible réunis alors qu’il n’arrive qu’à être encore plus con que The Fountain, c’est une chose. Caro a raté son exégèse, c’est un fait. Mais que reste t’il du spectacle de science-fiction proposé ? Bordel, c’est pas parce que c’est con comme la lune qu’on ne peut pas s’éclater au spectacle jouissif d’un film de SF, ce genre est devenu tellement rare…
En plus, au niveau visuel, je rappelle quand même que Caro est une légende, Métal Hurlant tout ça, il a bossé avec les plus grands (Pitof, Jan Kounen) c’est pas rien ! Mais malheureusement, plombé par une réduction de budget il ne parvient pas à retrouver la maestria de Blueberry et on se retrouve en bout de course avec des effets unilatéralement laids et répétitifs. Caro a beau secouer sa caméra ou trouver des angles de vues alambiqués, ça n’y change rien…

Puisqu’on en est là, j’en profite au passage pour fustiger les images de la Cité des enfants perdus et d’Amélie Poulain de son pote qui étaient des films aux images continuellement verts et rouges (cadre tout vert avec juste une pointe de rouge ou l’inverse, jusqu’à la nausée), là, Caro nous ressort une nouvelle fois cette astuce assez nulle et en tous cas très moche. Mais il a travaillé et son film il l’a peaufiné pendant des années alors ce surdoué issu de la BD a trouvé l’idée pour se démarquer des films de son pote : Ce coup ci, ça sera vert et… orange ! Tartinée sur photoshop, la photo du film est d’une putasserie rare avec son petit air genre pouf pouf personne le verra…

Même principe pour le casting, avec Jeunet à l’époque ils embauchaient des sacrées gueules, ça fonctionnait bien, Jeunet depuis il continue et ça marche bien pour lui, il a fait Alien et tout, alors bon comme Caro aussi veut aller aux USA, il continue d’appliquer la même vieille bonne recette ! C'est ainsi qu'on retrouve autour de l’attendu Dominique Pinon un défilé de gueules connues (Levantal, Lochet, Hadji Lazaro, Colette…) et ce qui est bien avec ce genre de tronches, c’est qu’elles existent par elle mêmes, ainsi pas besoin d’écrire leurs rôles, on a juste à les poser dans le cadre et ça doit suffire. Résultat, son film de SF mystique a une dégaine d'épisode des Deschiens dans lequel le chanteur de Pigalle s’apprêterait à chanter le Bar Tabac de la rue des martyrsen attendant que Levantal nous fasse le coup de la roulette russe en sniffant de la coke ! A croire qu’après avoir taffé avec Pitof et Kounen, Caro a appris la direction d’acteur chez Besson ! Au milieu de ce cirque improbable, Lambert Wilson a l’air habité par son rôle, même si finalement on peut se demander si il ne serait pas plutôt un peu gêné et un peu inconfortable. Il reste prostré dans un coin, se faisant discret, tentant de se faire oublier, bien content qu’une seule ligne de dialogue n’ait été écrite pour lui (« je vois la lumière »). Ceci dit le spectateur lambda, témoin du spectacle inepte de ce film ni fait ni à faire, aura sans peine la même race mortifiée... Sauf que lui la lumière ben il faudra qu’il aille aux chiottes pour avoir une chance de l’apercevoir !

Au niveau des dialogues, on nage dans l’absurde le plus total. C’est tellement autre que ça en devient mystique, je dirai même que c’est carrément l’incarnation grammaticale de l’expression « en roue libre », c’est la synthèse parfaite de la connerie et du j’m’enfoutisme intellectuel. Tenez vous bien, parce que c’est gratiné ! La méchante compagnie « la Neurinos » (on peut pas faire plus tarte) décide de commercialiser l’ADN de l’ange St George mais Perséphone qui aime les Hommes n’est bien sûr pas d’accord (rien que d’écrire les tenants et aboutissants de ce film me donne envie de faire sur moi) et le fera savoir à cette saleté de chinoise (très méchante mais bien foutue, on nous la montre à poil au début pour nous troubler dans une pathétique tentative de faire diversion) en tentant de la terrasser à coups de lieux communs définitifs et de phrases nulles comme « Qui peut se vanter de connaître les hommes ?» ou comme « Vous pensez qu’il suffit de rafistoler un bout d’ADN pour résoudre les mystères de l’esprit humain » pour finalement la terrasser d’un implacable « La vie ne se limite pas aux protocoles ». Et cette pauvre Simona Maicanescu ne fait pas que dire des conneries à ses collègues, elle commente en plus le film du début à la fin, faisant disparaître peut être le dernier soupçon de mystère qui aurait pu surnager dans le résultat putride de l’onanisme de Caro. A la vue des deux comédiens jouant les scientifiques, Maicanescu donc et Gerard Laroche (qui joue les yeux globuleux à merveille) et dont la prestation est à l'unisson du reste du casting, on se dit que le film aurait été plus cohérent s'ils s'étaient appelés Tanche et Mérou...

Passons rapidement sur les aberrations d’un scénario anorexique : le prisonnier qui a un ordi portable en secret alors que leur cellule se résume à deux pièces et trois couloirs, l’ange qui a besoin d’une combinaison pour être dans l’espace alors qu’il ne peut pas mourir, les commandes de la navette sont accessibles uniquement par le quartier des prisonniers et au travers d'un couloir remplis d’eau bouillante…

Un script qui n’a de cosmique que sa prétention, des dialogues misérables, une photo vulgaire, une mise en scène aux effets surannés… Tout ceci finalement ne serait rien sans un final à la hauteur. Et cette apothéose arrive au bout d’une heure de film, doctement anticipée par Perséphone qui prévient d’un ton philosophe l’auditoire qu’il va bientôt être temps de rallumer les lumières et de revendre ce DVD au plus vite : « Si nous appartenons tous à la lumière, il convient en chacun de nous de faire reculer les ténèbres », Lambert Wilson sort donc de la station, puis le mal qu’il a extirpé de nous autres pauvres pêcheurs se transforme en lumière (en forme de spirale, ça fait ADN c’est classe), trois minutes sur 2 plans à effets qui se répètent et finalement avant de disparaître la station apparaît au bord de la Terre comme apparaissait l’enfant des étoiles de 2001. Les voila tous « saints » et sauf. Amen. Vous pouvez rire, je pensais avoir tout vu avec le sperme de l’arbre et le Jesus-salade de The Fountain, là, Caro a carrément ouvert une porte des étoiles vers le concept même de la connerie et du n’importe quoi.
Faire semblant qu’on se masturbe sur des thèmes mythiques alors qu’on n’a fait que déféquer un beau paquet de crotte, c’est finalement plus médical qu’autre chose.
Il n’est pas au niveau de 2001, même pas au niveau de The Fountain ou de Blueberry, finalement, Caro est narrativement et visuellement au niveau de la pub pour la prévention du cancer colorectal.

Caro, Gens, DuWelz, Laugier, Pitof, Bustillo... Vous voulez pas faire des comédies populaires, qu'on puisse souffler un coup ?!

mardi 29 juillet 2008

FRONTIERE(S)


Comment éviter d’accumuler les poncifs paresseux que l’intellect presse de sortir lorsqu’on veut parler d’un film tel que Frontière(s) ? Faire un texte « à l’image de » pour souligner la fatigante fainéantise d’un script qui semble avoir été rédigé lors d’une soirée passée à chevaucher le dragon avec Luc Besson ? Aligner un tombereau d’insultes d’analphabète pour pointer la désespérante vulgarité de dialogues écrits visiblement par trois collégiens puceaux ? Enfiler les fautes de syntaxes et les virgules, points et points virgules pour paraphraser une grammaire filmique pensée lors d’une soirée défonce à l’éther et éclairé au stroboscope ? Chiche ? Ok tentons le coup !
Alors, d’abord l’histoire… Vu comment Gens s’est foulé à écrire son histoire, pour en parler je citerai donc des extraits de mes précédentes notes sur, dans l’ordre, Les Ch’tis, The descent, Hitcher le remake, TCM Begining, Hills have eyes 2, A l’intérieur :
-Bien sûr que vous vous en doutez, ce film est nul (…) Ce qui m'a le plus marqué c'est le nombre de références qu'il y a dans ce film, tellement qu'au bout d'un moment on se demande si ce sont vraiment des références ou si ce n’est pas plutôt la seule solution que Marshall Gens a trouvé pour remplir son film. Le scénario anorexique ne sera sauvé ni par l’imagination (absente) ni par l’originalité (nulle)… Il reste au spectateur le temps de retrouver les films qui composent donc tout ce fatras (…) Le résultat de cette entreprise de refonte de nos classiques préférés n’aboutit qu’à une conclusion, leur réévaluation. S’il s’agit de les faire briller par comparaison en produisant des étrons calibrés comme des saucisses, c’est une réussite totale ! (…) Une tronçonneuse scie circulaire, une maison, des jeunes, y’a matière à trouver des histoires, mais en fait non… On refait le même film ad nauseam ! L'intérêt s'émousse donc fortement après les 20 premières minutes d'exposition, et lorsque l'histoire se répète on se dit que les remakes de remake ça (…) pourrait être sympa, con et décontracté et finalement rigolo mais non, même pas… c’est carrément nul dans la nullité ! Bon, sinon ben rien d’autre à signaler, la violence graphique est rare et peu crédible et totalement dégagée du moindre enjeu. On voit finalement très peu les cannibales et on s’en branle assez vite, le récit profondément inintéressant se tricote avec des ficelles totalement abusées et progresse d’inepties en inepties avec une foi inébranlable. (…) Il reste tout de même à sauver une ambiance sonore pas trop naze et surtout une scène d’introduction assez bien foutue et qui a le mérite d’avoir la seule ligne de dialogue bien écrite : «connasse tu fais moins le malin fils de pute, einh ? Tu fais moins le malin enculé ! ».
-Ensuite les dialogues du film, ou plutôt la délicate confrontation entre la gouaille fleurie propre aux populations suburbaines et les grognements dans la langue de Goethe que développent les populations cannibales nazies du Nord de la France… Produit par ces enculés de bouffons d’Europa Corp, on est pas surpris de voir des cailleras parler comme des bouffons, niquer des fils de putes d‘enculés de keufs en les traitant de fils de pute et d’enculés et que les meufs soient forcément des putes, sauf celles qui font des chiards pass’ke quand même ma mère c’est pas une pute ! Heil Frushtuk ! Cette salope d’Estelle Lefébure elle est troooop bonne sa mère la pute quand elle joue la chaudasse qui se fait enculer schnell schnell ! Et gruiiiiik cette grosse Knoblauchwurst de Le Bihan gruiiiiiik joue trop bien le gars trop stoko qui va tout fonceder mais scheise les nazis c’est vraiment tous des pédés qui bouffent leurs morts ma barole, la breuve ? Ils ze font tous enguler bar une meuf enzeinte ach ach ach la teuhon sur leur race d’enculés de fils de pute !
-Parlons du filmage, de l’image et des couleurs de l’écran, très raté par l’accumulation,! de filtres, tous très moches. Le montage est parkinsonien, on rien du tout ! N’a pour le spectateur de compréhension de l’ensemble. Surtout.! Très moche, très, moche des nuits américaines moches sont, très moches. Moches. Très., Moches très moches. Le film, brille par l’accumulation encore plus de trop de trucs inutiles, de montage dyslexique où on conrien prend à ce qu’on boit. Bourré ? Nooooon ! la mode c’est de ! Aujourd’hui. LKa camérfa esvt secfoué danzzs, tous less ens, pa faaacile d’e suivre !

Finalement ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est que pour arriver à tourner son premier film, Gens a fait des courts métrages, il bosse depuis plus de 10 ans dans le cinéma, depuis qu’il a 20 ans. Ca semble être son énergie, sa motivation. Il semble investi par l’idée de faire du cinéma. Alors pourquoi proposer un script aussi nul ? Pourquoi monter ça n’importe comment en utilisant les pires travers du cinéma américain ? Pourquoi secouer la caméra pour faire croire que c’est violent, ou faire un montage ultra cut pour faire croire que c’est intense (la poursuite du début accumule 82 plans en 58 secondes ! -Cliquez ici pour en voir plus-) ? Pourquoi pomper le cinéma américain pour ensuite écrire ses personnages en pompant tout chez Charles Villeneuve ?!
Pourquoi vouloir encore et toujours copier le Texas Chainsaw de Hooper en reprenant les scories des films US qui brodent sans fin sur ce thème ? Pense t’il être le Rob Zombie français ? Il s’y croit à mort avec sa Estelle Sheri Moon Lefébure… Et pourquoi pas Ophélie Winter pour reprendre le rôle de Kathrine Mc Coll dans un remake tourangeaux de l’Au-delà ?! Et pourquoi pas Michaël Youn dans un remake rive gauche de The Party ? Quand on a rien d’intéressant à dire, on ferme sa gueule non ? Peut être pourrait on lui conseiller une réorientation professionnelle ?
Parce que si Gens croit au Cinéma, a foi en lui, bordel si il l’aime tant que ça ce Cinéma, pourquoi en fait-il ? Pourquoi lui fait-il tant de mal ? Pourquoi fait-il des films qui finalement ridiculisent un genre cinématographique qui entre mépris et reconnaissance tardive hasardeuse n’a vraiment pas besoin de ça !?
Alors bordel, Gens, quand tu l’as écrit, tu partais pourtant assez bien, la fuite d’un groupe de jeunes hors d’un pays sombrant dans le fascisme, c’est une idée intéressante ! Mais finalement t’es pas allé plus loin, ça ne reste qu’au niveau de l’astuce roublarde et démagogique. Et tout est la hauteur de ce genre d’arnaque : l’affiche promettant une abominable boucherie alors qu’on a plutôt l’impression d’assister à une kermesse vegan. On aura beau multiplier les plans de torture-porn et faire hurler ses actrices très très fort, ces gestes cinématographiques éculés tournent désespérément à vide. C’est comme ce titre à la con qui pousse le film dans un premier degré qui se prend très au sérieux. Frontière, frontières ?… Que voila matière à cogiter ! Quelle fine astuce !! Quelle audace typographique !!! Quelle aberrante et abyssale pauvreté intellectuelle oui… Non, c’est nul, c’est nul, nul, et nul !
Pascal Laugier avec son Martyrs a au moins tenté quelque chose, même si ça pue la prétention pédante et que le film foire, faute à une intrigue ne tenant que sur une pauvre astuce, mais au moins il aura tenté quelque chose, et si le film est raté, moche et naze en terme de mise en scène, il n’inspire pas la pitié qu’inspire Frontière(s), rejeton fatiguant de l’exécrable Sheitan et d’un quelconque remake US du film d’Hooper. Lamentable.

mardi 1 juillet 2008

SPARTATOUILLE


En guise de préambule je tiens d’abord à faire chapeau bas devant la traduction culottée du titre de ce film qui passe d’un bien terne « Meet the spartans » au lumineusement régressif « Spartatouille ». Notons également que les traducteurs repoussent le concept même de la phrase publicitaire pour la faire évoluer dans les derniers retranchements de la vulgarité explorant le versant « comique » de la montagne d’obscénité que fut 300.
Spartatouille… C’est donc nanti de cet improbable titre français que ce film déroule durant 65 longues minutes gags potaches consternants et blagues prépubères gluantes tentant péniblement, mais bien sûr inutilement, à être aussi drôle que son illustre modèle. Les rares moments vraiment réussis sont finalement ces plans laxistes qui décalquent l’œuvre farfelue de Snyder, nul besoin de forcer le trait. Leonidas nu devant son lit, les visages graves des spartiates concernés, l’oracle vaporeuse, tous ces plans restent gravés dans la mémoire affligée du spectateur. Les auteurs de cet ahurissant divertissement estivalier se sentent obligés d’aligner des sketchs anémiques dont les ressorts comiques semblent aussi fatigués que ceux du matelas de Ron Jérémy.
Remaker Massacre à la tronçonneuse c’était une gageure assez vaine tant l’original se pose là comme mètre étalon de la terreur sur grand écran. Parodier 300 pour le rendre drôle est une idée qui me semble encore plus poussive, c’est un peu comme si Jésus transformait de la piquette en eau, c’est con et ça ne sert pas à grand-chose…
Pourquoi pas plutôt faire un remake drôle de Bienvenue chez les Ch’tis ? ou alors un remake sérieux de Phénomènes ? Là, il y aurait un vrai challenge, un vrai défi, une véritable audace ! N’est ce pas là finalement que se cristallisent les attentes des spectateurs ? De l’audace que diable, de l’audace !

PS : Je viens de me rendre compte (car j'enquête sévère sur cette histoire) que les deux "scénaristes" Jason Friedberg et Aaron Seltzer (je les cite pour faire honte à leurs mères) ont carrément pompés DEUX "gags" au film FBI - Fausses Blondes Infiltrées des frères Wayans... A ce niveau, ils mériteraient tous qu'on les oblige à mater leurs propres films !

vendredi 27 juin 2008

TELEMATIN

Après avoir eu son quart d'heure de gloire chez les enseignants et les bobos parisiens grâce à Télérama, le Blog des Films de Merde part maintenant à l'assaut des geeks retraités et des nerds qui se lèvent tôt. Laura, merci de ton soutien. William tu crains grave.








mercredi 18 juin 2008

PHENOMENES


Phénomènes, tu parles d'un phénomène ! C'est donc au tour de Shyamalan d'écrire un nouveau chapitre à l'interminable roman catastrophique de la destruction des Etats Unis et de NY en particulier. Après différents monstres, vagues d’invasions extra terrestres, après les zombies, Al Qaeda et après les poulets vengeurs de Loyd Kaufman, c'est au tour des plantes de s'y coller ! Le propos du film est simple, le message digne d'un tract d'Okapi ou d'un dossier J'aime Lire : Si on fait du mal à la planète, celle ci va se venger. Cette vision mystique qui repose pourtant sur un véritable cauchemar écologique qui se profile, ne traite pas de réchauffement de la planète, de disparition du gulf stream ou d'éradication de la faune. Non. C'est carrément la nature elle même qui passe à l'attaque. Je ne spoile pas grand chose en disant ça vu qu'au bout d'un quart d'heure de film on nous explique à peu prés tout : Les plantes s'unissent et lâchent des gaz qui poussent les gens au suicide. Lorsque Mark Wahlberg s'en rend compte, il est déjà bien trop tard, la fin du monde (représenté par le New Jersey) est enclenchée. Jouant comme une endive il ne devrait pourtant rien avoir à craindre des plantes mais il décide quand même de fuir, emmenant sa femme et la fille de son pote loin de New York. Lorsque son train est bloqué en rase campagne ils vont courir dans les champs jusqu'à ce que les plantes arrêtent de lâcher leurs caisses meurtrières, qu'il puisse faire un bisou à sa femme et à sa nouvelle et gentille petite fille et rentrer à la maison constater que sa meuf va finalement mettre bas.
Shyamalalalalan est un grand fan d'Hitchcock et surtout de Spielberg, et ça on peut le sentir tellement il tente de se mesurer au War of the World de ce dernier. Mais c'est en vain qu'il tente de retrouver la puissance évocatrice de ce film. Les scènes de panique c'est 12 personnes qui font la queue tranquillement à la gare de NY (Montparnasse pendant le pont du 15 Août c'est carrément Armaggedon en comparaison !). Filmé à hauteur d'homme et centré sur son personnage, War of the World offrait une vision dantesque d'une histoire archi classique en évitant (plus ou moins) les clichés inhérents à ce genre de spectacle. Shyamalamalade tente de faire de même mais est obligé de caviarder son récit de scènes parallèles montrant l'amplitude du phénomène mais qui n'ont aucun lien avec ses personnages, donnant une omniscience au spectateur et brisant donc l'immersion qu'on aurait pu avoir avec son héros. Celui ci ne fait que subir des situations où généralement il ne se passe rien. Et finalement ces scènes parallèles sont les seules intéressantes. Le générique du début, la scène du chantier, admirable, et quelques plans de grands mères ou de soldats du dimanche dégagent une véritable poésie...
Ca dure pas longtemps, car Shyamalamana filme platement une histoire sans enjeux qui tente d'exister en utilisant des astuces faisandées et essaye de faire exister ses personnages à travers une relation de couple conflictuelle involontairement hilarante grâce à des dialogues volés sur un plateau d'AB productions et dont tout le monde se contrefout... Eliott pardonnera t'il à Alma d'avoir mangé un tiramisu avec Joey (interprété par Shyalatamaman qui pour une fois joue bien) ? Et comment celle ci prendra t'elle le fait qu'il a acheté un sirop pour la toux alors qu'il n'était pas malade ? Que ce soit volontaire ou pas, le résultat est là, avec une telle tension (je vous rappelle qu'à ce moment il y a des millions de morts à cause d'un phénomène naturel inexpliqué) les acteurs se permettent (et ont ils vraiment torts ?) de jouer comme des savates, surjouant des émotions comme la peur : "ouuuuh", l'inquiétude "mmmh", la colère "grrrr", la surprise : "iiiiih" et mon préféré l'horreur : "oh my gooood". Si Wahlbherg oublie qu'il est filmé et semble lire son texte pour la première fois, fronçant les sourcils pour montrer que la branche l'inquiète, que la plante verte le fait frissonner ou que le gazon semble maudit, Zooey Deschanel, elle, joue comme si elle était au théâtre et qu'elle devait faire passer ses émotions à des spectateurs qui seraient encore sur le trottoir.
Les personnages secondaires sont purement fonctionnels et d'une confondante gratuité. Le péquenot qui vient réciter son histoire de hot dog et qui repart. Le personnage de Leguizamo qui ne sert strictement à rien, à part mourir dans une scène plutôt belle mais qui renvoit furieusement au Spielberg (les pendus qui surgissent sont quand même moins impressionnants que la rivière de cadavres). La vieille acariatre de la fin n'a que faire du film dans lequel elle évolue et verse dans le thriller totalement hors sujet. Shyalmalmalman voulait nous faire les Oiseaux avec le souffle puissant des brises de la Virginie, la pauvre vieille zappe carrément et se refait un remake de Psychose toute seule (en essayant de marcher devant les fenêtres comme l'alien dans Signes) ! Surprenant surtout que ça aurait pu amorcer une réflexion sur une Amérique recroquevillée sur elle même mais qui n'en est pas moins menacée... Que nenni la question est éludée au profit d'un suspens haletant, Wahlbrerg arrivera t'il à faire un bisou à sa chérie à qui il a pardonné le coup du tiramisu ? C'est un peu comme cette séquence de la maison témoin qui semble devenir un nouveau gimmick, après la Colline d'Aja et Indy 4, ça commence à devenir un peu répétitif et ici la motivation semble gratuite ou vaguement humoristique, est ce que tout ça finalement ne permet il pas juste à Wahlbhergh de parler avec une plante en plastique pour le gag désopilant du film (au secours) ? Les deux jeunes têtards qui accompagnent le couple servent-ils juste à se faire buter pour assener le message "tuer des gens c'est pas cool" ? Et pour que la scène soit poignante fallait il qu'elle soit aussi kitsch avec son ralenti bien neuneu ("noooooooooooooooooooo") qui m'a rappelé celui de la piscine de Fairgame ? Y'a t'il un sens derrière toutes ces scènes ou ne servent elles pas qu'à remplir le vide phénoménal (pour le coup) du script dont le synopsis semble avoir été écrit sur un trèfle ?!
Et le problème de ce film est surtout là. Parce que ce n'est pas tant que les personnages soient mal écrits, que la direction d'acteur verse carrément dans la faute professionnelle ou que les dialogues pataugent dans le soap le plus médiocre, non, le problème c'est surtout qu'il n'y a RIEN dans ce film. Le "phénomène" en question, Shyadlamarmelade a bien du mal à le rendre consistant. Il rame comme un malade, et ça se voit. Car lorsqu'il se rend compte qu'il n'a que des plans sur des branches qui gigotent ou sur des herbes qui ondulent à proposer, il se met à filmer un portable mis sur haut parleur qui fait "ffffshhhhhhh" pour montrer qu'il y a du vent au bout de la ligne, il faut voir ensuite la petite famille trottinant à perdre haleine parce que le souffle d'un gros pet de phéromones qui vient d'être lâché par trois érables les poursuit dans un champ !
Et c'est tranquillement qu'il ose nous bourrer tout ça sans omettre la musique fournissant la notice aux étourdis qui n'auraient pas réussi à saisir ce qui se passe ! Sûr de sa virtuosité, convaincu que ses fans y retrouveront la patte de leur génie préféré, Shyantemaladohamam pense déjà sûrement au sort qu'il réserve dans son prochain film aux critiques qui oseront mettre un bémol à sa béchamel scénaristique !
La pollution a rendue les plantes très très méchantes, pourtant même dans La petite maison dans la prairie l'Amérique n'apparaît pas aussi bucolique, verte et paisible. Les villes ressemblent à des parcs très propres et le film se déroule quasiment intégralement dans une resplendissante campagne. Très subtilement deux grosses cheminées de centrale nucléaire apparaissent seulement de temps en temps dans le fond du décor pour que le message soit bien clair. Et finalement le film donne visuellement l'impression d'être une pub pour Areva : "regardez grâce au nucléaire nos campagnes sont tellement propres" ! C'est ballot et on se demande en fin de compte si c'est parce que le réalisateur ne comprend rien à ce qu'il fait que le message n'est jamais compliqué, qu'il tient en deux lignes et qu'il le ressort en boucle pendant une centaine de minutes, comme s'il révisait sa leçon...
Ce que l'Homme fait à la Nature, celle ci lui fera subir en retour. L’explication scientifique nous est introduite dès le début du film par Mark Warhlghbergb : La nature, vaut mieux pas trop se poser de questions, ça nous échappe à nous autres pauvres mortels. Elle est entérinée par un savant à la fin du métrage : ne cherchons pas à percer l’insondable… les voies du seigneurs étant évidemment impénétrables. Ces voies qui flatulent un vent divin qui s'abattra sur les pauvres pêcheurs et se répandra sur Terre, ou tout du moins sur la côte Est des USA... Heureusement tout est bien qui finit bien, ce n'était qu'un avertissement, Dieu s'en ira péter un coup à Paris parce que c'est quand même à cause des essais nucléaires français que Godzilla a détruit Manhattan en 1998 bordel !
Que les USA polluent et que donc les plantes se vengent, ok, c'était déjà franchement très con mais le processus visuel d'autodestruction n'aide pas à rendre tout ça crédible. En effet, sous l'influence des plantes, les gens se mettent d'abord à raconter n'importe quoi, raides comme des carottes, avant de se suicider... Alors pourquoi ne pas y voir une troublante analogie avec le film lui même ? Bien sûr ! A regarder des gens raconter n'importe quoi n'importe comment en jouant comme des glands, comment un spectateur normalement constitué n'a t'il pas envie de s'étouffer avec son siège ou d'aller se pendre avec les bobines de cette merde ?
La conclusion s'impose d'elle même, finalement, les seules phéromones dangereuses : Ce sont celles exhalées par ce navet...

vendredi 23 mai 2008

A L'INTERIEUR

A l'intérieur

«Instantanément culte», «un vrai film d’horreur transgressif et crépusculaire», «vous allez comprendre le sens du mot viscéral», «visuellement impressionnant, tendu à craquer et d’une mélancolie rare», «A l’intérieur, dans son réalisme effrayant, va jusqu’au bout des ténèbres, celles dont on ne revient jamais», «Plus qu’une réussite, une date dans l’Histoire du cinéma d’horreur»… Voilà les commentaires enthousiastes lus dans Mad Movies, la revue d’où vient Alexandre Bustillo, l’un des deux réalisateurs de ce film. Une telle solidarité et un tel esprit de camaraderie c’est beau et ça se respecte. Je ne ferais donc pas de commentaire sur cette allégeance bien compréhensible. Je n’en ferais pas non plus sur Yannick Dahan toujours prompt à sortir son flingue mais qui pour le film qui nous intéresse aujourd’hui nous expliqua que la force du film c’était sa modestie et qu’il fallait aller le voir «quand même», mais on devine déjà mieux un certain embarras… Après la vision de ce chef d’œuvre ultime, de cette pierre angulaire du ciné hardcore, réalisé sans concession par des amoureux du genre dont la sincérité n’est bien sûr pas à remettre en doute, je me dois tout de même de nuancer légèrement les critiques peut être légérement empreintes de connivence, mais réunies pour vanter à l'unisson les qualités stupéfiantes de ce chef d'oeuvre !
Devant le spectacle rare de ce qui est sans doute l’un des plus mauvais film de l’Histoire du cinéma, tous genres confondus, on se fait rapidement la remarque qu’ils ont du fumer un sacré paquet de joints sur le plateau ! D’ailleurs ils auraient pu l’aérer un peu avant de mettre le caméscope en route parce que bon, tout ça vire un peu au remake de The Fog filmé dans un appartement témoin des maisons Lagrange ! Eh eh eh, si c’est ça les ténèbres dont on ne revient pas… De toutes façons cherchez pas les ténèbres le seul endroit où le film va aller, c’est dans la salle de bain, pour le côté réalisme effrayant sans doute (c’est la seule pièce à ne pas être enfumée). Les chiottes, un couloir et le salon … Pourquoi pas me direz vous, le salon est grand : les flics arrivent à s’y perdre m’enfin tout ça n’est quand même pas très glorieux et vu que le décor n’est pas bien grand, ils auraient pu faire un effort pour que ça ressemble un peu à quelque chose…
Alors que ce soit bien clair, comme il n’y a pas assez d’idées pour faire ne serait-ce qu’un court métrage, et même si ça ne dure que 70 (mais longues quand même) minutes, le film va se répéter ad nauseam (et c’est bien la seule chose qui me l’aura donné, la nausée) des scènes qui se veulent jusqu’au boutistes et total hardcore, la preuve ? Béatrice Dalle va s’allumer une cigarette en faisant des grimaces horribles, filmée de face avec un montage haché et des images en négatif, houlala, ça veut dire qu’elle est très très colère avec une musique qui vire au sifflement pour dire «Attention ! C’est transgressif et ça va virer au crépusculaire !» L'apanage de tous les machins qui n’ont rien à dire mais qui ne se privent de rien étant de virer immanquablement au n'importe quoi le dernier tiers va donc nous balourder une succession de scènes très insolites, histoire de délayer un peu tout ça et de proposer le final suffisamment tard pour permettre au film d’avoir la durée légale d’un long métrage.
On a donc un ancrage social d'une rare beauferie sur le thème émeutes en banlieue, des flics idiots qui se font buter à l’aiguille à tricoter, un flic encore plus bête qui enchaîne à sa ceinture un p’tit lascar de banlieue à qui il va refiler son flashball (il faut arrêter le LSD les gars, surtout quand vous écrivez un scénario !), laissant seule l’héroïne découpée de partout pour aller changer les fusibles… alors que l’horrible sorcière aux grandes dents rode, cachée dans un pavillon de trois pièces… Elle est forte aussi, elle passe devant, derrière, toujours quand les gentils ont le dos tourné, glissant sur la moquette comme un pet sur une toile cirée. Pendant ce temps là on attend patiemment que le poulet face la vaisselle ou qu’il ouvre les fenêtres pour aérer (ce qui aurait été la meilleure idée du film).
Au bout d’une petite heure les auteurs, alors bien en confiance et à l’instar du spectateur n’ayant peur de rien, arrivent à s’affranchir de la nullité aberrante de ce qu’ils filment pour pousser leur film un cran plus loin, assumant sans honte un n’importe quoi franchement hilarant en dépit des intentions initiales d’un script tendu à craquer et d’une rare mélancolie (sic) ! Le flic qui s’était perdu entre la table basse et le disjoncteur et qui s’était fait tirer dessus à bout touchant dans les yeux à coup de flashball se relève et nous offre une scène qui, sans nul doute, fera date dans l’Histoire du cinéma d’horreur apoplectique en ressuscitant tout d’un coup dans la peau mal maquillée d’une sorte de zombie croquignole qui finira re-trucidé à coup de tringle à rideau ! Chapeau bas messieurs les artistes, c'est «Instantanément culte» !
Arrive donc très paresseusement le temps d’un climax qui n’a pas grand chose à proposer de plus à part une surenchère gore totalement vaine. Alors ça découpe, ça hurle, ça crame, ça plante… Finalement j’attendais un truc plus violent et plus viscéral, une scène qui aurait pu justifier les louanges vendu par le service presse du film, un truc comme je sais pas moi… Béatrice Dalle tricotant une brassière avec le cordon ombilical pendant que le lascar qui ne serait en fait pas mort irait violer le cadavre de la mère ! On rajouterait un peu de caca, encore des boyaux, encore du caca… Las ! C’est bien un film français finalement assez timoré et pas un bon vieux Troma qu’on se fade, donc bon, on reste quand même à un niveau réaliste. C’est «effrayant», oui oui je sais,on était prévenu !
Je passe sous silence le reste de ce que j’ai vu (en fait, le pire pour A l'intérieur, ce ne sont pas tant les mauvaises critiques que le fait qu'on puisse le voir !) pour arriver directement au twist final qui donne bien sûr une ampleur prétentieuse à l’ensemble et qui finit de consterner le spectateur que je fus, d’un coup fort soupçonneux sur la date de péremption des nouilles que je venais d’ingurgiter…
Foin d’intoxication alimentaire, pour écrire ces quelques lignes je me suis repassé le film et les nouilles, la bière ou la weed sont hors de cause !
Il reste tout de même à sauver une ambiance sonore pas trop naze et surtout une scène d’introduction assez bien foutue et qui a le mérite d’avoir la seule ligne de dialogue bien écrite : «connasse».

vendredi 2 mai 2008

[•REC]

REC experimenta el mierdo

Misère misère et super misère... La morsure de la cruelle déception a planté en moi ses canines plus profondément que l'aurait fait n’importe quel infecté à la con qui court partout en vociférant d'inintelligibles dialogues qui semblent avoir été écrit par Danny Boon pour son film ! Voilà donc un film vendu sur son impact flippatoire, mais qui au final fait aussi peur que Bienvenue chez les Ch’tis fait rire… Eh oui, vous êtes prévenus, faites foin de l’enthousiasme débordant pour ce film, il est aussi inexplicable que l’épidémie d’incohérences narrée sur ces 75 longues minutes…
Soyons sport, parlons d’abord de ses qualités, elles seront aussi rapidement évacuées que l’espoir que je portais dans ce métrage… Reconnaissons juste qu’il est techniquement réussi, l’effet « reportage » est crédible : l’image est immonde et les plans séquences font presque aussi mal au crâne que la pénible voix de l’horripilante mais forcément jolie quoiqu’un peu nouille présentatrice.
On m’avait bien dit que le film était décevant et qu’il n’enchaînait ses innombrables clichés qu’avec des situations archi convenues. Désolé mais ce n’est pas tout à fait vrai. Des clichés ? Il n'y en a pas tant que ça, trois ou quatre tout au plus. Par contre c’est tout, à part ça on ne trouvera rien de plus dans le film ! Et c’est ému que j’en place une ici pour le coup de la résolution de l’énigme foireuse par magnétophone interposé. A ce moment là si Ash (d'Evil Dead) avait déboulé dans le grenier en découpant le casting à la tronçonneuse, j’aurai crié au génie, je l'aurai chanté, hurlé, je me serai levé et j’aurai embrassé tous les gens dans la salle et puis, entre deux cantiques, je me serai masturbé à genoux pour éjaculer l'aboutissement de toute une vie sur l'affiche du film, un râle dans la gorge, en promettant à qui voudrait l’entendre que désormais je ne parlerai plus qu'espagnol, je ne vivrai plus qu'à Barcelone, je ne mangerai plus que des tortillas et je ne boirai plus que de l'huile !
Bref… on est passé pas loin du chef d’œuvre… Tant pis…
Mais alors ? Suis-je trop vieux ? trop cynique ?… Ou trop fatigué ? Mais si techniquement le film est plutôt immersif (enfin, un peu comme si on s’endormait dans sa baignoire) comment diable ce scénario linéaire, convenu, répétitif et aussi peu inventif arriverait-il à créer une quelconque tension ?! C’est d’une connerie pas possible, par exemple : les gens ne deviennent subitement « enragés » que lorsqu’on s’intéresse à eux et même si on nous dit que le temps d'incubation est variable suivant les groupes sanguins... mon oeil oui ! C'est plutôt suivant les besoins du scénariste ! Ceux et celles qui ont vu le film se souviennent de la sidérante scène de la gamine attaquant sa mère... Sidérante d'opportunisme et de roublardise !
En fait il ne se passe rien d’intéressant que l’on n’ait déjà subi mille fois ces dernières années… Un bon point ceci dit, on évite l'écueil pourtant très attendu du chat qui saute dans le champ. Le budget croquettes aurait-il était sucré par une production trop pingre ?
Balaguero garde pour son final la seule bonne idée du film : la séquence en vision nocturne. C’est juste un peu dommage que ce ne soit plus qu’une astuce désormais obligée, The Descent et Cloverfield utilisant la même recette pour leurs scènes chocs respectives. Ce final nous fait également le coup du journaliste passant de vie à trépas devant sa caméra, de voyeur complice du spectateur, il devient exhibitionniste de sa propre mort, nous laissant désormais seuls. Dommage que le procédé fut exploité, et avec déjà du recul, dans Cannibal Holocaust, et poussé au bout de la pellicule dans C’est arrivé prêt de chez vous ou même serve de final dramatico-larmoyant-prout-prout dans Cloverfield ! Je ne me souviens plus du Projet Blair Witch (qui aurait dû mieux porter son nom et y rester… à l’état de projet) mais j’imagine qu’on retrouve la même grammaire. On attend fébrile le prochain navet du regretté Romero pour savoir si la vision nocturne deviendra LA grande astuce visuelle du cinéma d’épouvante de notre époque…
Cannibal Holocaust et C’est arrivé prêt de chez vous furent tourné en film… c’était autre chose quand même et je ne peux qu’éprouver le même mépris devant leurs rejetons que celui qu’éprouve Ben devant l’équipe de tournage concurrente qui tourne en vidéo…
Blam ! Blam ! Blam ! Ah ah ah ! Ca donne envie d’essayer !

jeudi 17 avril 2008

L'ENNEMI INTIME

L'ennemi intime

Quelle déception ! Mais disons le tout de suite pour calmer les esprits, non, ce film n’est pas une « purge innommable » ! Mais si l’on doit la présence de L’Ennemi Intime dans ce blog, c’est à cause de l’immense déception qui m’a lentement mais inéluctablement ruiné le moral en même temps que ma soirée lorsque je me suis tapé ce film que j’espérais vraiment être une des réussite de l’année. Ce n’est pas tant que j’attendais grand chose du très en vogue Florient Emilio Siri (Nid de Guêpe euh... oui mais non ! Otages je passe mon tour merci) mais l’idée d’un film de guerre sur le conflit en Algérie tourné par un réalisateur ayant fait ses preuves dans l’actioner débile et servi par un scénario de l’érudit et inattaquable Patrick Rotman avait tout pour exciter la fibre cinéphile qui se tortille en moi.
Et ben bravo ! Me voilà fort contrit de chroniquer ce film ici-bas. Contrit mais également surpris vu les critiques globalement bonnes écrites par les spécialistes de la nouvelle cinéphilie. Mais une nouvelle fois je suis bien désolé, je ne marche pas, étant resté à la porte de cette bobine qu’on n’ose imaginer autre que sincère et respectable dans son ambition…
Oui mais voilà, le film cumule ou accumule les grosses ficelles propres aux parodies de films de guerre en empilant les scènes qui semblent avoir été écrites comme des modules indépendants s’enfilant au petit bonheur la chance. Telle scène porte sur la torture, telle autre sur les embuscades, tel passage évoque la cruauté des fellagas, tel autre insiste sur la dualité des soldats algériens servant le drapeau français… Rotman a voulu écrire une histoire dans l’Histoire et c’est là que réside l’échec principal du film : son articulation rouillée et maladroite déconnecte le spectateur du récit, la sauce ne prend pas, le flan s’étale, le radeau sombre. Et c’est ce foutu découpage documentaire, très didactique et trèèèès scolaire qui plombe l’identification et l’investissement du spectateur dans ce film… Même si celui ci a vraiment fait un effort pour s’intéresser à ce qu’on lui montre ! On suit des personnages que la réalisation présente dans des situations censées soulever l’empathie, mais les moyens lourdauds pour y arriver annihilent tous ces efforts. Que ce soit le film projeté d’un soldat décédé qui soulève d’abord les rires puis les pleurs, que ce soit la permission de Terrien l’idéaliste à la con joué par Magimel qui restera dans la rue à contempler le réveillon de sa famille ou que ce soit la mise en scène pleine de pathos de la mort de certains soldats… ce sont ce genre de scènes qui désamorcent la tension dramatique qui a pu naître aux détours de quelques scènes d’action, où les personnages ont la bonne idée de ne pas parler !
Ces scènes d’action font globalement l’affaire, même si la mise en scène se borne grosso modo à alterner plans resserrés et plans larges, ces derniers étant souvent réussis et mettant en valeur la beauté de paysages gigantesques qui grâce à la désaturation de l’image écrasent les personnages dans ce décor rocailleux.
L’histoire censée nous être racontée est en fait l’évolution « intime » des personnages qui vont être brisé et qui passeront au delà de leur seuil de rupture. Fidèle au reste du scénario, le traitement de ces personnages est dans le ton de l’écriture des scènes d’action : très caricatural. Jamais ces soldats ne parviennent à exister en dehors de leur valeur symbolique et ils semblent toujours être réduits à leur fonction, le casting édifiant nous présente toutes les figures classiques du film de guerre : le héros idéaliste mais qui va passer du côté obscur, le faux dur rongé par le mal secret de ses états d'âmes, le spécialiste du renseignement froid et cynique revenu de tout, le soldat algérien fidèle qui hait les fels... Ce véritable catalogue de clichés finit de plomber l’intérêt pour le film que le spectateur poli essayait poliment d’avoir. Les personnages parlant tous comme leur fonction leur impose de parler, balisés dans une caractérisation faite à la truelle, le spectateur patient regrette le documentaire éponyme et la parole vraie d’hommes et de femmes qui permettaient de sortir ce conflit de l’abstraction. Sans surprise, l’évolution psychologique est bâclée, attendue (pour Magimel) et tellement vaine finalement qu’on finit par se foutre totalement de qui meurt, qui survit… vu que jamais on ne croit à l’histoire qu’on nous raconte. C’est dommage car le casting n’a rien à se reprocher, essayant comme Dupontel d’incarner un personnage qui visiblement n’existe pas, ou qui finalement n’existe uniquement que dans le but de faire passer un message, une idée. De vulgaires marionnettes utilisées pour une succession de reconstitutions documentaires !
Avec tout ça, et malgré les intentions des auteurs que le spectateur attentif souhaite louables, on sombre définitivement dans un ennui tranquille. Les multiples citations de Siri pour le cinéma de Leone finissent finalement par arracher un petit sourire gêné et dubitatif (après moult clins d’œil on rajoute une calamiteuse louche référentielle avec une image floue revient régulièrement dans le récit pour trouver sa résolution –et sa mise au point- dans un final qui suscite autant le désintérêt que l’agacement… le flash forward étant ici particulièrement hors sujet !)
Et Rotman a beau dire que « La fiction est une forme de liberté très grande puisque cela permet après s'être nourri de tout ce documentaire, de cette phase préparatoire, de laisser aller des personnages, d'inventer des histoires. » On doute… « Comme disait Truffaut que je cite souvent, poursuit-il, « Dans tout bon film, il y a un bon documentaire ». Avant d’adapter son documentaire en fiction, il aurait bien fait de se demander si dans tout bon documentaire, il y avait un bon film… Parce qu’en tous cas, lui, il ne l’a malheureusement pas trouvé !
Un autre point, l’affiche apposait la phrase suivante : « Le Platoon de la guerre d’Algérie »… Siri s’est un peu défendu de cette référence mais tout de même, si l’on relit J.M. Valantin, on est surpris par son analyse du film de Stone, qui pourrait très facilement être calquée sur l'histoire écrite par Rotman : « La vraie bataille est donc celle qui se livre à l’intérieur de l’âme américaine, individuelle et collective : la projection de forces américaines au Vietnam est interprétée en tant qu’épreuve spirituelle. La lutte contre le communisme protéiforme est présentée comme un idéal parfaitement valable et valide, non critiquable ; mais ses modalités sont fondamentales. Le soldat est censé se battre pour son idéal en respectant les valeurs démocratiques, éthiques et spirituelles américaines. S’il les abandonne comme la brute, à cause de la guerre, il prend le risque de perdre son âme et, accessoirement, la vie. » La critique non pas du conflit mais des modalités du conflit, c’est un peu ce qui pousse le film vers la catastrophe. Résumé par la métaphore de Fellag, la guerre d’Algérie c’est comme une cigarette allumée de chaque côté. Le film renvoyant dos à dos soldats du FLN et armée d’occupation, on pourrait y trouver une vision cynique et misanthrope de l’Homme. Qu’il soit prêt à défendre des positions absurdes ou qu’il cherche à conquérir sa liberté, dans ces deux cas, l’Homme perd son âme dans le combat… Pourquoi pas après tout ?!
Le problème c’est que si je peux comprendre le point de vue unilatéral du film (les ennemis ne sont que des ombres comme dans tout vietxploitation de base) je reste circonspect quand à certains choix de mise en scène : Deux soldats sympas qui sont morts trèèèès tragiquement sont emmenés par un vétéran sévère mais juste qui tombera dans une infâme embuscade. Le poids du pathos pour les soldats français confronté à la lâcheté de l’ennemi, même si c’est pour faire avancer à la truelle la psychologie de Terrien l’idéaliste, j’ai déjà du mal, mais lorsque tout ça, finalement, débouche sur une opération de représailles dans le village, là je me rassure et je peux comprendre. On tente de nous faire saisir que ces hommes, bouleversés par la mort de leurs amis, commettent des actes abominables. Sauf qu’après avoir réuni tous les villageois (hommes, femmes, enfants) et armé les mitrailleuse, on passe au hors champ dès le premier coup de feu…
Etaler avec autant de complaisance les horreurs des uns tout en éludant pudiquement les exactions des autres, voilà un procédé bien douteux qui, appliqué à la guerre d’Algérie, rend le tout assez détestable (même si Rotman semblait être une caution tous risques pour le film…) et si la raison de tout cela c’est pour que le personnage joué par Magimel puisse perdre de son idéalisme pour se confronter aux véritables horreurs de la guerre… c’est bien dommage que Terrien, et le spectateur, soit choqué par les tortures des Fels, mais qu’on nous empêche de l’être par le massacre perpétré par les militaires français !
Ce choix est pour moi des plus douteux. On imagine guère un film sur l’occupation allemande en France qui montrerait les soldats allemands lâchement exécutés par les résistants, tout en omettant de montrer les meurtres des nazis…
En conclusion, il reste quand même, soyons pas trop vache, une mise scène qui arrive à être efficace sur quelques plans (mais pas forcément lors des morceaux de bravoure) des images assez chouettes et quelques zooms sympathiques.
C’est donc bien dommage que Siri n'ait pas eu une histoire cohérente à mettre en scène, il se serait peut être moins attaché aux magnifiques paysages et aurait réussi à faire prendre corps à ces hommes qui malgré des scènes dégueulantes de pathos n'émeuvent pas. C'est frustrant surtout que la distribution est solide, Dupontel en tête.
Une grosse déception, qui laisse un goût bizarre… Le genre de film qu’on aime pas ne pas aimer mais qui finissent par laisser un goût bien merdique dans la bouche.

samedi 8 mars 2008

ASTERIX AUX JEUX OLYMPIQUES

Asterix, le combat des merdes

Depuis que j’ai commencé ce blog, je peux dire que j’me suis tapé quelques bonnes bouses, comme par exemple ces films qui te rappellent le crottin de cheval, le genre de bobines qui se font bouffer par les chiens de l’entertainment trouvant appétissant tout ce qui leur passe sous le nez. D’autres films exhalent une odeur âcre, piquante, qui te saisissent tout entier et qui, à force, peuvent carrément te refiler des croûtes aux coins des yeux. Certaines daubes bien grasses évoquent les puissants dégazages des lendemains de cuites, celles qui te font promettrent que ah non plus jamais on t’y reprendra ! C’est sans compter avec les étrons des trop nourris, les résultats de la culture commerciale dispendieuse, celle là même qui est responsable de ces merdes de banquets si riches, si bruyants et si vulgaires et qui sont tellement assumées qu’il n’y a pas d’erreur, ça vient bien de chez nous ! Il y a aussi les petits films qui pètent plus haut que leur cul et qui veulent faire les malins mais qui finalement ne réussissent qu’à tacher le fond de culotte de leur prétention. Je pense aussi aux bonnes vieilles coulantes dont les franchises laissent une traînée pelliculée qui ne semble jamais vouloir se tarir, sans oublier bien sûr la crotte traîtresse, l’étron qui prend par surprise, la merde qu’on ne sent pas venir et qui vient vous cueillir alors que vous aviez le sourire au lèvres, que vous étiez détendu et que vous savouriez d’avance le plaisir d’un agréable relâchement.
Jusqu’à maintenant j’ai résisté à tout ça. Ma coprophagie cinématographique a résisté à 300, vu deux fois, et dont la seconde vision m’avait persuadé de refaire une note. J’ai tenu jusqu’au bout de Poltergay sans me pendre, même si j’ai du m’octroyer une longue pause à mi parcours. J’ai même réussi à regarder en entier s’il vous plait, et d’une traite, I Robot sans casser ma télé, Lady in the water sans m’endormir, The Fountain sans retomber dans l’héro, Hypertension sans fumer un seul spliff, Spiderman 3 sans prendre d’aspirine et Cloverfield sans vomir… J’avais réussi à me taper Die Hard 4 d’un œil amusé, laissant glisser sur moi la gluante beauferie du spectacle.
Mais là, non. Asterix aux Jeux Olympiques, j’ai pas tenu. Il faut dire qu’ils ont fait fort ! 4 scénaristes mobilisés… Langmann, Dazat, et Magnier et Charlot transfuges des Guignols et pourtant responsables de l’honorable script de Maléfique… Se sont joints à l’affaire des dizaines d’acteurs et de guest stars dont le casting semble avoir été fait sur le plateau d’une émission de Fogiel ! Il fait rêver les annonceurs publicitaires mais désole le spectateur : Delon, Garcia, Adriana Karambeu, Poelvoorde, Lalane, Dubosc, Stéphane Rousseau… C’est tourné n’importe comment dans le mépris le plus total du langage cinématographique, la laideur des effets spéciaux, vulgaires dans leur étalage mais à la cheapitude ringarde, le choc violent de la saturation des couleurs et la nullité totale des dialogues auraient pu mettre à sac mon stock de superlatifs ou de comparaisons douteuses pour l’année à venir ! Mais là, non, j’avoue j’ai craqué. Et puis, Cornillac, Cornillac, Cornillac… Cornillac je commence sérieusement à en avoir marre de sa gueule ! Après Cornillac et les fantômes pédés, Cornillac à poil dans la boue, Cornillac en traction avant, Cornillac fait du surf… Là, Cornillac qui fait des grimaces avec sa moustache devant un Depardieu figé dans la gnole comme Han Solo dans la carbonite c’est trop !
J’ai donc craqué au bout de 45 minutes. Je pense que je vais faire une pause sur le Cornillac pendant les mois qui vont venir… Pour Le nouveau proctologue euh protocole, son prochain film, comptez pas sur moi !
Sur ce, toutes mes condoléances aux projectionnistes des 12000 salles où ce film est passé. Il y a des jours où vous ne faites vraiment pas un métier facile !

lundi 18 février 2008

CLOVERFIELD

Clovershit

Disons le tout de suite, si Cloverfield a réussi quelque chose c’est bien sa promotion sur internet qui grâce à un buzz tournant autour d’un trailer aussi efficace que mystérieux a excité le public qui se demandait ce qui se cachait derrière ce titre bien étrange et son parti pris, à la base intéressant, de faire un film de monstre tourné à la première personne.
Mais comme vous vous en doutez bien évidemment, à l’instar de la montagne qui accouche d’une souris, le monstre titanesque de Cloverfield n’aura finalement démoulé qu’un étron aux dimensions d’une chiure de mouche !
Le film narre donc l’arrivée d’un monstre géant détruisant tout sur son passage dans les rues de New York, le tout filmé par l’intermédiaire d’un caméscope retrouvé après la bataille… Genre document top secret de l’armée qu’on visionnerait parce qu’on appartiendrait à une division secrète du Pentagone ! C’est super, mais vous réjouissez pas trop vite car on suit de cette manière quelques jeunes bobos se précipitant dans le chaos pour aller rechercher une copine qui est restée coincée dans son loft luxueux avec vue sur Central Park, filmé par le crétin de la soirée tout jouasse d’avoir un caméscope dans les pattes.
On aurait pu penser que le fond et la forme du film, influencé par sa fameuse bande annonce hautement évocatrice, avaient tout pour développer des thèmes prodigieusement intéressants. Mais hélas ! Trois fois hélas ! Ils sont l’un après l’autre évacués, torchés ou carrément laissés de côté avec une paresse ou une inconscience qui force le respect. Pensant probablement que son buzz internet se suffisait à lui même, Cloverfield n’a finalement de dantesque que son ahurissante et méprisante fainéantise intellectuelle… Sombrons donc corps et âmes dans cet abysse de vide d’où régulièrement surnagent quelques clichés ne devant leur présence qu’à la quête éperdue du scénariste tentant désespérément de trouver assez de scènes pour atteindre la durée légale d’un film. C’est ainsi que, péniblement, on atteint 85 longues minutes, générique compris ! Ce qui est dramatique c’est le sentiment qu’on se fout royalement de notre gueule, les thèmes forts que ce film ont fait naître sont nombreux et c’est désolant de les voir faire place à une intrigue de sitcom débile, aux enjeux misérables et à la progression parkinsonienne.
On ne peut pas passer outre que désormais, dès que les américains sont attaqués sur leur sol et a fortiori à Manhattan, on se sent poussé, à tort ou à raison, de jauger ce que l’on voit par le prisme du « 11 Septembre ».
Dans le fond, je m’en fous un peu, mais ici le postulat de départ rend ce parallèle évident. Mais s’il convoque cette imagerie que l’on sent ici un peu obligée comme dans cette scène où la poussière envahit la rue et laisse hagards quelques passants, jamais cette analogie ne dépassera le cadre du gadget visuel... Et tout le film fonctionne de cette manière, une idée bâclée toutes les dix minutes. Aucune implication possible avec un propos proprement vide et absolument absent. Aucune immersion possible dans une histoire inexistante, aucune empathie avec ces protagonistes victimes d’un traitement qui ne prend aucun point de vue pensant se suffire à lui même et qui donc multiplie allégrement les incohérences visuelles et narratives.
Le film débute sur une très longue scène d’exposition qui ne raconte rien, galère à définir ses personnages qui restent dans le superficiel et la caricature (aaah la gothique, forcément ténébreuse… ooooh la jolie fille amoureuse trahie... pffff le copain un peu lourd qui fait des blagues…). Par cette proximité, cette longue scène devait nous rapprocher d’un groupe de jeunes bourgeois new-yorkais, mais sans points de vue et avec des personnages pas ou mal écrits, on peine à s’investir dans leurs péripéties et plus le film passe, plus on se sent étranger à leur histoire, alors qu’on devrait la vivre de manière très intime. Cette rupture ne va pas aider le spectateur à se passionner pour une suite de péripéties sans histoire… Et une fois que l’intrigue décolle et que le monstre est dévoilé, il va, et c’est un comble, vite lasser faute d’entretenir le mystère. Parce que notre grosse bestiole ne balaye pas que New York, elle balaie également en apparaissant à l’écran le seul intérêt du film (à quoi ça ressemble ?!) qui nous fait tenir la première heure. Son exposition complète lors d’un final particulièrement idiot est la preuve que le réalisateur n’a même pas eu le courage ou l’inventivité de rester au niveau de son postulat de départ. Il veut quand même nous montrer le monstre en entier, renforçant l’idée que les auteurs de ce navet sans saveur n’avaient que ça à fournir comme « clou du spectacle » et surtout qu’ils n’ont pas beaucoup réfléchi à ce qu’ils allaient faire…
Pareil pour les petits monstres qui outre le fait qu’ils sont affublés de cris particulièrement débiles (j’ai pensé à Villeret dans la Soupe aux Choux, en un peu plus épileptique) n’existent visiblement que pour remplir un quart d’heure de plus à un film qui rame à mort pour trouver des choses à filmer.
Et lorsqu’il y en a des choses à filmer, c’est à dire dans trois ou quatre scènes, le résultat semble bien pauvre et cette disette cinématographique frustre puis énerve l’amateur qui espérait vivre une expérience inédite. Le déploiement de force est réduit à trois G.I.s, deux lance roquettes et un tank. Le film reste bien propre, pas ou peu de cadavres, et l’inquiétante étrangeté que devrait faire naître le traitement réaliste est réduit à la décapitation de la statue de la liberté et à une calèche vide, scènes de toutes façons désamorcées par leur présence dans les trailers… Les péripéties de ces bourges qui auraient mérités de se prendre une pluie de briques sur leur teuf de nazes se résument à des promenades dans le métro et à monter puis descendre des escaliers (parce que les ascenseurs sont en panne).
Le héros de la fête va t’il retrouver sa copine ? la question serre les tripes du spectateur…
Ce mélange de scènes anti-spectaculaires et de scènes censées êtres dantesques auraient pu renforcer la crédibilité et l’aspect documentaire du film, et ça aurait été une chouette idée… mais au moment où ce procédé se multiplie (Rec, Diary of the Dead, Redacted) ce que propose Cloverfield est honteusement vide et finalement prouve que le film n’a strictement rien d’intéressant à dire. En donnant la réponse à la question posée par la bande annonce, le film ne propose plus rien, ni sur le fond, ni sur la forme. Il ne reste donc qu’à savoir si le protagoniste va réussir à embrasser sa copine ? Inutile de dire que cette question laisse bien sûr le spectateur dans un état d’anxiété haletante…
Filmé à hauteur d’hommes, l’attaque de cette bestiole gigantesque ne pouvait pas éluder la réaction ancestrale qu’elle devait susciter : la peur. Une véritable immersion dans la terreur qui aurait pu se décliner sur les différentes étapes du film. Et là c’est le défaut principal du film, il ne fait absolument pas peur, il ne communique jamais le sentiment de panique et rate ses rares tentatives lors des quelques moments où le réalisateur semble se souvenir de ce qu’il est en train de raconter.
Cette peur de l’inconnu, celle éprouvée par ces témoins qui savent que quelque chose se trame mais qui ne savent pas quoi, la peur panique qui enrobe ensuite les mouvements de foule, cette terreur enfantine qui nous submerge à la vision d’un monstre et qui devient la terreur primitive du chassé devant le prédateur… Tout ça est le plus souvent éludé, et lorsque c’est traité la mise en scène ne parvient jamais à s’affranchir du handicap du postulat de mise en scène alors que justement ce fameux postulat (filmé au caméscope donc de manière brute, sans effets de mise en scène, de musique ou de montage) aurait du être sa force. C’est en tous cas très surprenant, Cloverfield réussit l’exploit à rater totalement le peu dont il se contente ! Chapeau !
Pendant ce temps là le spectateur est plongé dans l’angoisse : le héros arrivera t’il à monter 32 étages à pied pour retrouver sa belle ?
Peinant à créer de la tension, le film n’évite bien sûr aucune facilité et saute sur l’occasion dès qu’il peut avoir recours à des ficelles déjà vues et revues pour les rares moment où il essaye d’être viscéral, ce qui n’arrive à peu prêt jamais …
La scène de fuite sur le pont est peut être brouillonne et ratée, elle est surtout catastrophique pour la suite du film car grâce à sa nullité en terme d’implication émotionnelle elle se tire littéralement une balle dans le pied en s’offrant la mort d’un des protagonistes dans une totale indifférence émotionnelle.
Et à ce moment là le spectateur est totalement flippé à l’idée que le héros n’a pas rappelé sa copine après avoir fait un tour de manège !
La scène du métro, dans l’obscurité, est surprenante par son absence presque totale de suspens, ce qui est en soi un exploit vu la configuration dramatique évidente de la situation. Cette scène rappelle une scène très réussie du surestimé The Descent (l’héroïne observant des monstres grâce au night-shot du caméscope) ainsi que 28 weeks later (et sa scène dans le métro au milieu des cadavres) pour une nouvelle fois étaler l’analphabétisme effarant d’une mise en scène dilettante se reposant uniquement sur son paresseux concept éventé… Prisonnier de sa forme, le réalisateur ne sait ici pas trop comment faire et vu que ce ne sont pas les idées qui l’étouffent, il décide de faire passer sa scène au forceps dans l’invraisemblance la plus … On a ainsi un gars qui continue à filmer alors que ses potes se font agresser par des p’tits aliens… Navrant de bêtise, le film devient impossible à sauver tant ses concepteurs ont tout fait pour le couler par leur incompétence. Le réalisateur n’arrive pas presque jamais à utiliser les avantages de sa manière de filmer qui finalement se révèle pour le film un handicap. Un comble pour cette merde qui n’avait que ça à proposer…
Ca, et une question qui noue l’estomac du spectateur : le héros et sa copine retourneront ils un jour à Cosney Island ?
Finalement le film contourne les attentes qu’il a provoqué pour proposer à contre pied une histoire d’amour surcucul entre jeunes friqués. Et là, attention, c’est la seule idée du film ! Il y a donc eu à un moment un cerveau qui a fonctionné, tenez vous bien, le caméscope efface au fur et à mesure les images d’un temps jadis où l’innocence de l’amour doit désormais faire place au chaos et à la violence. Paye ta métaphore. Si il y en a qui s’en contente, alors qu’un monstre géant dévaste New York…
Pour ma part la force évocatrice et la puissance du mythe de cet épisode de Beverly Hills avec Godzilla filmé par mon p’tit frère me replonge dans une chanson de mon enfance : « Vive le vent, vive le vent… »
Au final on apprend sur imdB que le mystérieux titre Cloverfield (« Champ de trèfle ») est en fait le nom de la rue où siègeait Bad Robot, la boite de prod de JJ Abrams… Quelle imagination…
En conclusion, il semblerait qu’un Clovershit II pointe le bout de son nez… Quelle intrigue notre brillant scénariste (Lost, Alias, Buffy… ils ont leurs fans, je n’en suis pas) va t’il nous concocter ? Allez vu qu’il semble bien galérer pour trouver des idées on va essayer de l’aider… Pour ma part je verrai bien un second film plus familial, alors pourquoi pas le suspense haletant d’une petite fille qui tenterait de retrouver Choupi son petit cochon d’inde alors que sa ville est attaquée par un troupeau de monstres assoiffés de sang dévastant tout sur leur passage ?