LADY IN THE WATER
Voici donc le nouveau film de M. Night Shyamalan dont la carrière ne brille que par la grâce d'un public à l'incompréhensible indulgence. Suite à un premier film réalisé en Inde et à un second totalement inconnu, il sort en 1999 son premier film évènement : Le sixième sens, où l'on découvre étonné à la fin du film que le mort qui parle est un fantôme (ou l'inverse), un bon twist foireux qui aura subjugué toute une génération de spectateurs et qui lui assurera un incroyable succès commercial... Vient ensuite le sombre Incassable qui est sans aucun doute son meilleur film tout en étant loin d'être un chef d'oeuvre. Puis on a alors eu droit au flots de sornettes cosmiques de Signes, purge insondable dont j'ai l'amabilité de ne citer que le nom et surtout aux âneries d'un autre âge proposées dans Le Village, un film qui pousse tellement loin son propos et qui réserve un twist tellement naze qu'il réussit l'exploit d'être encore plus crétin que sa propre parodie dans Scary Movie 4 ! Le réalisateur se met alors à dos la critique tandis qu'un large following de fidèles et de geeks décérébrés suivent aveuglement son oeuvre à l'instar des rats qui suivent subjugués le joueur de pipeau. C'est alors que Shyamalan décide que sa filmographie exemplaire (qui ferait pourtant pâlir de jalousie les ZAZ niveau débilité) peut lui permettre de réaliser un film reposant uniquement sur son don inné de la narration (et accessoirement sur son nom, Disney s'étant prudemment retiré d'un projet dont ils jugeaient le script calamiteux)
Il était donc une fois des Narfs, genre fées des eaux, qui vivaient avec les humains... mais elles furent séparées de ceux ci lorsque ces derniers commencèrent à quitter les mondes magiques... Elles doivent donc essayer d'en retrouver certains pour les "éveiller" tout en évitant les méchants scrunts et puis elles doivent repartir chez elles grâce au grand aigle magique pendant que des singes des bois font la police !
C'est l'histoire que Papa Shyamalan raconte à ses filles pour qu'elles fassent dodo. Comme il est sympa et généreux, il décide d'en faire profiter tout le monde grâce à son immense talent de conteur... Passons vite sur l'histoire à proprement parler du film, elle a beau tenir en 10 lignes (les fillettes de Shyamalan devaient dormir au bout de 5 minutes - sinon elles auraient convaincu leur père de l'insondable crétinerie de tout ça) Shymalan parvient à l'étirer sur 1h50 ! Tourné, ou produit (comme Poltergeist et Gremlins) par le Spielberg de la bonne époque on aurait eu droit à la description d'une petite communauté américaine typique se retrouvant confrontée à un élément fantastique qui provoquerait un boulversement et mettrait le doigt sur les travers, les défauts et les qualités de chacun ! Sans surprise Shyamalan est très très loin de Spielberg (pour tout dire il atteint à peine le niveau de Luc Besson) et sa description des habitants de l'immeuble ne dépasse jamais l'anecdotique, ce sont tous des figures dont la psychologie ne se résume qu'à une seule fonction : le personnage qui ne se muscle qu'un bras, le groupe qui fume, la dame qui aime les chats, le gars qui joue aux mots croisés... Jamais on ne se sentira proche de ces personnages ce qui sera fatal à notre capacité à accepter une histoire abracadabrantesque de fée sortie d'une piscine à laquelle tout le casting semble croire sans sourciller, tout le monde sauf le spectateur atterré. Shyamalan est tellement sûr de lui qu'il ne construit même pas son récit, il demande simplement au spectateur de jouer le jeu d'emblée, trouvant tout à fait normal qu'il se plie docilement à son propos.
L'interprétation est au niveau de la réalisation : absente, vide, creuse. Giametti tente de jouer Richard Dreyfus avec sa barbe et B.D. Howard qui joue comme un canard (uh uh uh) passe son temps à chouiner dans un rôle, certe, peu évident. Au milieu de tout ça Shyamalan filme ses acteurs comme s'il tournait un téléfilm et lorsqu'il ne sait plus où mettre sa caméra, il la fout au plafond, ça impressionne toujours un peu les gogos ! Un petit mot rapide sur les CGI tellement ils sont à l'unisson de ce naufrage général ! Le loup à pelage de gazon est tellement bien designé et tellement bien animé qu'on a l'impression en le voyant d'être dans un film de Jean Marie Poiré avec Clavier ! Ceci dit, c'est un peu chien de faire l'étonné, quand on se rappelle des bestioles des films précédents de Shyamalan, ça n'est guère surprenant !
Alors ce film est, nous dit-on sur certaines affiches, "a bedtime story", oui oui... c'est ça... carrément une histoire à dormir debout ouai ! Car, la première bobine passée, l'efficacité de cette daube soporifique tient toutes ses promesses : tout le monde roupille (casting et équipe technique compris) ! Shyamalan finit alors son film en pensant que plus personne ne le mate, il peut donc tranquillement se branler et se mettre en scène dans une mise en abîme ahurissante de prétention ! Car, bien sûr, c'est lui qui joue (c'est une façon de parler) l'écrivain que la Narf doit éveiller ! Touchée par la grâce divine, son oeuvre marquera profondément les gens et changera le Monde. Le pénible Shyamalan balance donc une comparaison bien osée entre sa propre "oeuvre" et celle de son personnage, nous expliquant en gros qu'il est touché par la grâce divine ! Il a beau avoir une très haute idée de son cinéma, il joue quand même comme un flan, et ce Père Fondateur qui propage la Bonne Parole pour le bien de tous est vraiment tarte à voir et finit par sombrer, en même temps que le film, dans un ridicule absolu. Si Shyamalan avait un peu plus de recul vis à vis de lui même, il devrait plutôt se voir dans le rôle du gars qui vidange la piscine plutôt que dans celui du Messie... Mais bon, il juge que son oeuvre est d'une importance capitale et ça, il n'en démord pas. Il n'oubli pas au passage que les critiques fustigèrent ses derniers chefs d'oeuvre, ils subiront donc les foudres du génie ! Shyamalan se venge par l'intermédiaire du trop rare Bob Balaban (le Chaundra de 2010) qui joue un critique obtus et pète-sec qui finira dévoré dans une scène au "comique" particulièrement mal amené, dont le second degré outrancier est totalement hors sujet avec le rendu pseudo réaliste du film ! C'est à peu prêt du niveau de Jan Kounen qui faisait se torcher un de ses personnage avec un exemplaire des Cahiers du Cinéma dans Daubermann... Vide mais prétentieux, arrogant mais d'une crétinerie sans borne, le dernier Shyamalan a surtout le défaut de ne pas être le chapitre final de la carrière de ce réalisateur détestable.
19 commentaires:
Ah putain comme c'est bon !! J'ai pas vu ce "film", pas que ça à foutre, mais d'avance, je suis d'accord avec toi à 2000%.
Tu es d'utilité publique !
Ah, ben moi je l'ai vu, et même en n'étant pas aussi critique que Junko sur les précédents films de Shyamalan (disons qu'au moins, ils étaient loin d'être mal interprètés), là, on est bien obligé de dire qu'il a raison à 2000%, comme tu dis : tout est nul et bien nul, de l'histoire au jeu d'acteur, etc, etc... comme il le résume très bien !
En plus, des fois, même les pires nanars (genre AVP) réussissent à tenir en éveil, mais alors celui-ci, si aucun somnifère n'a plus raison de votre insomnie, essayez "la Fille de l'Eau" !!!
Si on oublis son cerveaux avec soi, ça se regarde sympa.
Si si.
Certes j'admire ton franc parler mais je tenais à te faire savoir que je ne suis point d'accord avec toi sur certaines choses. D'abord, j'ai adoré Sixième Sens, car justement la fin est surprenante tout en étant d'accord avec toi à propos de Signe et Incassable. Mais bon pour revenir à Lady in the Water, film que j'ai bien apprécié tout en n'étant pas le film de l'année. J'ai trouvé les plans bons notamment ceux en totale plongée (même si il y en a un peu trop à mon goût)parce que ça change des plans habituels et rajoute à l'impression d'insécurité du film. Cependant je suis également assez d'accord quand tu dis qu'on ne peut s'identifier aux personnages, c'est vrai, cela est un peu dommage mais bon comment s'identifier à un gars qui ne se muscle qu'un bras ou à une fée sortie du fin fond d'une piscine.C'est un "conte" donc en même temps je ne crois pas qu'on s'identifiait à Blanche Neige ou Cendrillon.Et si tous les personnages adhère à cette histoire sans aucune remise en question, c'est aussi pour ça , "It's a bedtime story". S'il fallait que chacun se remmette en question , le film aurait durer trois heures. Bon en tout cas, il va falloir que je le revois pour vérifier ce que tu dis. Et même si je ne suis pas totalement d'accord avec toi sur film, je tiens à te féliciter et te souhaiter une très bonne continuation et à très bientôt, en espérent ne pas être supprimé.
may :
oui, il faut oublier son cerveau, mais aussi penser à fermer les yeux et se boucher les oreilles... Dans ce cas là, si on est douilletement installé, il y a de quoi passer un moment agréable ! :)
lullaby :
pas de soucis, je supprime rien du tout... je me reserve juste le droit d'envoyer chier les commentaires qui le méritent, tu peux donner ton avis, même si je suis pas tout à fait d'accord avec ton indulgence ;)
Une personne de plus sur ma liste a enterrer vivant sous une fosse à purin ! Le genre de type parfaitement détestable, insultant, borné, avec aucun respect des goûts de chacun, et surtout, de ce que peut rechercher quelqu'un dans un film.
Lien à mettre dans le blog des sites de merde.
bon Yorkshire07, ce fameux blog des sites de merde, vous le faites ou ce n'est encore qu'une enième promesse proférée par un chouineur de plus ?
En quoi c'est chouiner ? Non, c'est aussi un avis. Tu descends scénaristes (quand il y en a), acteurs, réalisateur, etc... alors il est normal que d'autres te "descendent" toi ! Mais me dis pas que ça te blesse ou vexe, je te croierai pas ;)
Bon tu es passé faire un tour sur mon forum apparemment mais ton message sur Je Suis une Légende a été effacé par un de mes administrateur :( Apparemment c'était long alors je sais pas si tu pourra le ré-écrire... mais je l'espère quand même. ++
www.sitesdemerde.fr
oui merci de ta participation, mais s'il vous plait les anonymes, vous voulez pas prendre un pseudo à la con, c'est plus sympa non ?
Hmmm, c'est bien sympa de dézinguer du film pourri à tout va, mais encore faut-il le faire avec un vrai talent d'écriture, ici totalement absent. C'st bien simple, impossible de lire une seule critique en entier tellement le tout est indigeste. En espérant que tu acceptes la critique, vu que c'est ton domaine (du moins sur ce blog).
Mon pauvre choupi, bien désolé que tu trouves mon blog indigeste. Je ne cherche pas à faire grand chose, les avis je m'en fous, et les critiques je m'en contrefous...
Au plaisir de te relire et de te compter tout de même parmis mes fidèles lecteurs.
oui je sais le commentaire est très très tardif mais je viens juste de découvrir ton réjouissant blog via celui de Cha.
en fait (là, n'y tenant plus, il fallait que je la ramène), le twist final de "sixième sens" pour lequel tout le monde a crié au génie n'est qu'un pompage éhonté de celui d'un film absolument génial et fondateur du film de genre, le méconnu "carnival of soul" (Herk Harvey 1692)... j'espère que tu le connais, sinon je te le recommande, indispensable à une bonne culture cinéphile (de genre)!!!
merci pour ce blog poilant...
Merci pour l'info !
;)
j'ai pas vu Carnival of Souls, mais bon... maintenant que tu as spoilé le twist final uh uh uh...
arf, désolée!!!!
bof, vois le quand même, tu verras que certaines astuces de mise en scène aujourd'hui surutilisées (et je sais qu'elles t'énervent) ont été INVENTEES dans ce film (cette fois je balance plus)... et tout ca 5 ans avant "la nuit des morts vivants"...
@+
oui oui je disais ça pour rigoler, Je vais me pencher là dessus et je te dis dans quelques temps, ici même, ce que j'en ai pensé !
Merci pour le tuyau !
je viens juste de le voir en dvd. et j'etais certain d'en voir une critique su ce site !!!
a bien y regarder c'est le plus gros ratage de l'histoire du cinema et de loin !! pourtant il y avais des bonnes choses : le gars qui se muscle que d'un bras , le mome qui lit le destin dans les paquets de cereale. perso j'etait tordu de rire tout du long tellement c'est grotesque.
il y avait certainement quelque chose a faire avec ca mais il faut ce rendre a l'evidence la realisation est completemnt a coté de la plaque . ratage magistrale ! epique meme ! a ce demander si c'est pas fait expres ??
pas mal "carnival of soul" ' cult meme !! ) mais lui meme pompé sur un episode de la 4ieme dimension ( les premier avec sterling. saison1 dvd n3 )
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