vendredi 23 mai 2008

A L'INTERIEUR

A l'intérieur

«Instantanément culte», «un vrai film d’horreur transgressif et crépusculaire», «vous allez comprendre le sens du mot viscéral», «visuellement impressionnant, tendu à craquer et d’une mélancolie rare», «A l’intérieur, dans son réalisme effrayant, va jusqu’au bout des ténèbres, celles dont on ne revient jamais», «Plus qu’une réussite, une date dans l’Histoire du cinéma d’horreur»… Voilà les commentaires enthousiastes lus dans Mad Movies, la revue d’où vient Alexandre Bustillo, l’un des deux réalisateurs de ce film. Une telle solidarité et un tel esprit de camaraderie c’est beau et ça se respecte. Je ne ferais donc pas de commentaire sur cette allégeance bien compréhensible. Je n’en ferais pas non plus sur Yannick Dahan toujours prompt à sortir son flingue mais qui pour le film qui nous intéresse aujourd’hui nous expliqua que la force du film c’était sa modestie et qu’il fallait aller le voir «quand même», mais on devine déjà mieux un certain embarras… Après la vision de ce chef d’œuvre ultime, de cette pierre angulaire du ciné hardcore, réalisé sans concession par des amoureux du genre dont la sincérité n’est bien sûr pas à remettre en doute, je me dois tout de même de nuancer légèrement les critiques peut être légérement empreintes de connivence, mais réunies pour vanter à l'unisson les qualités stupéfiantes de ce chef d'oeuvre !
Devant le spectacle rare de ce qui est sans doute l’un des plus mauvais film de l’Histoire du cinéma, tous genres confondus, on se fait rapidement la remarque qu’ils ont du fumer un sacré paquet de joints sur le plateau ! D’ailleurs ils auraient pu l’aérer un peu avant de mettre le caméscope en route parce que bon, tout ça vire un peu au remake de The Fog filmé dans un appartement témoin des maisons Lagrange ! Eh eh eh, si c’est ça les ténèbres dont on ne revient pas… De toutes façons cherchez pas les ténèbres le seul endroit où le film va aller, c’est dans la salle de bain, pour le côté réalisme effrayant sans doute (c’est la seule pièce à ne pas être enfumée). Les chiottes, un couloir et le salon … Pourquoi pas me direz vous, le salon est grand : les flics arrivent à s’y perdre m’enfin tout ça n’est quand même pas très glorieux et vu que le décor n’est pas bien grand, ils auraient pu faire un effort pour que ça ressemble un peu à quelque chose…
Alors que ce soit bien clair, comme il n’y a pas assez d’idées pour faire ne serait-ce qu’un court métrage, et même si ça ne dure que 70 (mais longues quand même) minutes, le film va se répéter ad nauseam (et c’est bien la seule chose qui me l’aura donné, la nausée) des scènes qui se veulent jusqu’au boutistes et total hardcore, la preuve ? Béatrice Dalle va s’allumer une cigarette en faisant des grimaces horribles, filmée de face avec un montage haché et des images en négatif, houlala, ça veut dire qu’elle est très très colère avec une musique qui vire au sifflement pour dire «Attention ! C’est transgressif et ça va virer au crépusculaire !» L'apanage de tous les machins qui n’ont rien à dire mais qui ne se privent de rien étant de virer immanquablement au n'importe quoi le dernier tiers va donc nous balourder une succession de scènes très insolites, histoire de délayer un peu tout ça et de proposer le final suffisamment tard pour permettre au film d’avoir la durée légale d’un long métrage.
On a donc un ancrage social d'une rare beauferie sur le thème émeutes en banlieue, des flics idiots qui se font buter à l’aiguille à tricoter, un flic encore plus bête qui enchaîne à sa ceinture un p’tit lascar de banlieue à qui il va refiler son flashball (il faut arrêter le LSD les gars, surtout quand vous écrivez un scénario !), laissant seule l’héroïne découpée de partout pour aller changer les fusibles… alors que l’horrible sorcière aux grandes dents rode, cachée dans un pavillon de trois pièces… Elle est forte aussi, elle passe devant, derrière, toujours quand les gentils ont le dos tourné, glissant sur la moquette comme un pet sur une toile cirée. Pendant ce temps là on attend patiemment que le poulet face la vaisselle ou qu’il ouvre les fenêtres pour aérer (ce qui aurait été la meilleure idée du film).
Au bout d’une petite heure les auteurs, alors bien en confiance et à l’instar du spectateur n’ayant peur de rien, arrivent à s’affranchir de la nullité aberrante de ce qu’ils filment pour pousser leur film un cran plus loin, assumant sans honte un n’importe quoi franchement hilarant en dépit des intentions initiales d’un script tendu à craquer et d’une rare mélancolie (sic) ! Le flic qui s’était perdu entre la table basse et le disjoncteur et qui s’était fait tirer dessus à bout touchant dans les yeux à coup de flashball se relève et nous offre une scène qui, sans nul doute, fera date dans l’Histoire du cinéma d’horreur apoplectique en ressuscitant tout d’un coup dans la peau mal maquillée d’une sorte de zombie croquignole qui finira re-trucidé à coup de tringle à rideau ! Chapeau bas messieurs les artistes, c'est «Instantanément culte» !
Arrive donc très paresseusement le temps d’un climax qui n’a pas grand chose à proposer de plus à part une surenchère gore totalement vaine. Alors ça découpe, ça hurle, ça crame, ça plante… Finalement j’attendais un truc plus violent et plus viscéral, une scène qui aurait pu justifier les louanges vendu par le service presse du film, un truc comme je sais pas moi… Béatrice Dalle tricotant une brassière avec le cordon ombilical pendant que le lascar qui ne serait en fait pas mort irait violer le cadavre de la mère ! On rajouterait un peu de caca, encore des boyaux, encore du caca… Las ! C’est bien un film français finalement assez timoré et pas un bon vieux Troma qu’on se fade, donc bon, on reste quand même à un niveau réaliste. C’est «effrayant», oui oui je sais,on était prévenu !
Je passe sous silence le reste de ce que j’ai vu (en fait, le pire pour A l'intérieur, ce ne sont pas tant les mauvaises critiques que le fait qu'on puisse le voir !) pour arriver directement au twist final qui donne bien sûr une ampleur prétentieuse à l’ensemble et qui finit de consterner le spectateur que je fus, d’un coup fort soupçonneux sur la date de péremption des nouilles que je venais d’ingurgiter…
Foin d’intoxication alimentaire, pour écrire ces quelques lignes je me suis repassé le film et les nouilles, la bière ou la weed sont hors de cause !
Il reste tout de même à sauver une ambiance sonore pas trop naze et surtout une scène d’introduction assez bien foutue et qui a le mérite d’avoir la seule ligne de dialogue bien écrite : «connasse».

vendredi 2 mai 2008

[•REC]

REC experimenta el mierdo

Misère misère et super misère... La morsure de la cruelle déception a planté en moi ses canines plus profondément que l'aurait fait n’importe quel infecté à la con qui court partout en vociférant d'inintelligibles dialogues qui semblent avoir été écrit par Danny Boon pour son film ! Voilà donc un film vendu sur son impact flippatoire, mais qui au final fait aussi peur que Bienvenue chez les Ch’tis fait rire… Eh oui, vous êtes prévenus, faites foin de l’enthousiasme débordant pour ce film, il est aussi inexplicable que l’épidémie d’incohérences narrée sur ces 75 longues minutes…
Soyons sport, parlons d’abord de ses qualités, elles seront aussi rapidement évacuées que l’espoir que je portais dans ce métrage… Reconnaissons juste qu’il est techniquement réussi, l’effet « reportage » est crédible : l’image est immonde et les plans séquences font presque aussi mal au crâne que la pénible voix de l’horripilante mais forcément jolie quoiqu’un peu nouille présentatrice.
On m’avait bien dit que le film était décevant et qu’il n’enchaînait ses innombrables clichés qu’avec des situations archi convenues. Désolé mais ce n’est pas tout à fait vrai. Des clichés ? Il n'y en a pas tant que ça, trois ou quatre tout au plus. Par contre c’est tout, à part ça on ne trouvera rien de plus dans le film ! Et c’est ému que j’en place une ici pour le coup de la résolution de l’énigme foireuse par magnétophone interposé. A ce moment là si Ash (d'Evil Dead) avait déboulé dans le grenier en découpant le casting à la tronçonneuse, j’aurai crié au génie, je l'aurai chanté, hurlé, je me serai levé et j’aurai embrassé tous les gens dans la salle et puis, entre deux cantiques, je me serai masturbé à genoux pour éjaculer l'aboutissement de toute une vie sur l'affiche du film, un râle dans la gorge, en promettant à qui voudrait l’entendre que désormais je ne parlerai plus qu'espagnol, je ne vivrai plus qu'à Barcelone, je ne mangerai plus que des tortillas et je ne boirai plus que de l'huile !
Bref… on est passé pas loin du chef d’œuvre… Tant pis…
Mais alors ? Suis-je trop vieux ? trop cynique ?… Ou trop fatigué ? Mais si techniquement le film est plutôt immersif (enfin, un peu comme si on s’endormait dans sa baignoire) comment diable ce scénario linéaire, convenu, répétitif et aussi peu inventif arriverait-il à créer une quelconque tension ?! C’est d’une connerie pas possible, par exemple : les gens ne deviennent subitement « enragés » que lorsqu’on s’intéresse à eux et même si on nous dit que le temps d'incubation est variable suivant les groupes sanguins... mon oeil oui ! C'est plutôt suivant les besoins du scénariste ! Ceux et celles qui ont vu le film se souviennent de la sidérante scène de la gamine attaquant sa mère... Sidérante d'opportunisme et de roublardise !
En fait il ne se passe rien d’intéressant que l’on n’ait déjà subi mille fois ces dernières années… Un bon point ceci dit, on évite l'écueil pourtant très attendu du chat qui saute dans le champ. Le budget croquettes aurait-il était sucré par une production trop pingre ?
Balaguero garde pour son final la seule bonne idée du film : la séquence en vision nocturne. C’est juste un peu dommage que ce ne soit plus qu’une astuce désormais obligée, The Descent et Cloverfield utilisant la même recette pour leurs scènes chocs respectives. Ce final nous fait également le coup du journaliste passant de vie à trépas devant sa caméra, de voyeur complice du spectateur, il devient exhibitionniste de sa propre mort, nous laissant désormais seuls. Dommage que le procédé fut exploité, et avec déjà du recul, dans Cannibal Holocaust, et poussé au bout de la pellicule dans C’est arrivé prêt de chez vous ou même serve de final dramatico-larmoyant-prout-prout dans Cloverfield ! Je ne me souviens plus du Projet Blair Witch (qui aurait dû mieux porter son nom et y rester… à l’état de projet) mais j’imagine qu’on retrouve la même grammaire. On attend fébrile le prochain navet du regretté Romero pour savoir si la vision nocturne deviendra LA grande astuce visuelle du cinéma d’épouvante de notre époque…
Cannibal Holocaust et C’est arrivé prêt de chez vous furent tourné en film… c’était autre chose quand même et je ne peux qu’éprouver le même mépris devant leurs rejetons que celui qu’éprouve Ben devant l’équipe de tournage concurrente qui tourne en vidéo…
Blam ! Blam ! Blam ! Ah ah ah ! Ca donne envie d’essayer !