mardi 4 décembre 2007

HYPER TENSION

Jason s'tatane et c'est de la merde
Un tueur à gage de la mafia se fait inoculer un virus qui va peu à peu le paralyser. Il n’y a qu’une chose à faire pour ralentir l’irrémédiable : faire monter son taux d’adrénaline au maximum ! Nanti d’un pitch assez fun qui permet de faire un peu l’impasse sur le scénario pour privilégier l’action non stop, Crank (Hyper Tension) avait tout pour exciter le spectateur prêt à s’embarquer pour un trip con mais jouissif.
Le parti pris du film est donc de l’action, encore de l'action, toujours plus d’action, sans s’arrêter ou presque ! Alors de poursuites en voiture en fusillades, de levrette en fellation, de cocaïne en adrénaline, notre vaillant Jason Statham… pfff je m’y frais jamais à ce nom, pourquoi pas Jason Sfrifritte tant qu’on y est ? Bref Jason Stabasse fait ce qu’il peut pour exister devant une caméra qui ne le lâche pas d’une semelle, il agite les bras, il se roule par terre, il saute dans les airs et passe le reste du temps à courir. Pourquoi pas me direz vous se payer une bonne tranche de décervelage musclé ? Einh ? Pourquoi pas ? Et ben parce que c’est nul ! Ce film à chier n’avait pourtant pas beaucoup d’ambition, mais il faut croire que c’était déjà trop.
Le scénario est mince, très mince : notre héros court partout retrouver un gars et finalement lui tirer dessus et le jeter d’un hélicoptère. Pas bien compliqué. Le problème c’est les astuces pour tenter de donner un peu de corps à tout ça, parce qu’un sous Bruce Willis (Statham, costaud et dégarni toujours prompt à montrer son cul) qui hurle et cours pendant une heure vingt c’est quand même un peu léger ! Alors les deux scénaristes réalisateurs (Brian Taylor et l’ex-cascadeur Mark Nevedline) tentent de greffer sur leur script inepte toutes les idées qui leur passent par la tête (un manchot atteint par la lèpre aurait assez de doigts pour les compter). Si la distanciation et les effets visuels intriguent les cinq premières minutes, on doit vite se rendre compte que les seules idées du film y sont condensées. C’est dommage car il y avait quelque chose à creuser dans ces astuces visuelles (mouvements de caméra débiles, blagues écrites sur l’écran, split screens…) pour étoffer le film et donner un sens à l’action… Rapidement répétitives, ces coquetteries finissent par tourner à vide et ne dépassent pas l’anecdotique et le tape à l’oeil.
A mon avis ils devaient être tout content de se dire que ces effets allaient capturer l’attention du spectateur leur permettant d’aligner des scènes d’actions ébouriffantes découpées de manière à proposer au spectateur une subtile mise en abîme de l’état de stress du héros. Les clins d’œil à GTA et aux jeux vidéos étant une chouette idée pour dire que tout ça, finalement, c’est pour rire… Sauf que c’est tellement artificiel qu’on oublie en route ce procédé qui, de toutes façons, ne sert à rien. Le montage se veut épileptique, il n’est que brouillon et maladroit, il rend illisible la plupart du temps ce qui se passe sur l’écran et les réalisateurs ont beau filmer comme s’ils se battaient pour tenir la caméra, le peu qu’on perçoit fleure bon le film d’action fauché… Un Z tunné, thuné et détestable car puant de prétention et d’attitude bad-ass m’as tu vu. Du cinéma de poseur immatures et bien con. L’action aurait du tout péter, mais le seul truc qui se la pète, ce sont les réalisateurs.
Plutôt que d’essayer de trouver des idées, ces deux tanches décident de flatter leur public cible avec tout le racolage et la putasserie dont est capable l’industrie américaine lorsqu’elle décide de s’adresser aux jeunes qui sortent le samedi soir. On sombre donc dans une mélasse où l’homophobie assumée côtoie le sexisme le plus abusé ! Le seul personnage féminin du film est la copine de Statham, et la façon dont elle est dépeinte à l’écran est d’une finesse digne d’un clip de hip hop bling bling. Gourdasse écervelée qui ne peut pas régler elle même l’horloge de son four à micro ondes, elle se fait prendre de force en levrette en pleine rue par Jason, d’abord en se débattant, puis finalement en se laissant faire parce qu'elle prend son pied la cochone en nous faisant comprendre combien Statham est bien membré... Sauf qu’il doit repartir courir tuer on sait pas qui en la laissant en plan ! Quel manque de respect pour les femmes semble t’elle dire au spectateur ! Comprenant le désarrois de son copain elle saura se rendre utile UNE seule fois dans le film, en lui faisant une fellation… Le reste des personnages féminins sont des morceaux de viande en string, elles sont soit nues à quatre pattes (chez le méchant) ou alors nues dans des globes en verre (chez le mafieux) ou aussi nue sur le lit (chez le médecin !), le tout présenté dans une affligeante esthétique de clips de R’n’B (montres de luxes et belles chemises comprises). J’ai beaucoup aimé le nom de la fille chez le médecin, une Noire qui n’aura pas grand chose à dire à part répondre «oui» quand on l’appelle «Chocolat»… Tordant. Venez pas me dire que c’est du second degré, la connerie à ce niveau n’est jamais de second degré. C’est pas que nul, c’est surtout méprisable.
Cette merde finit par se terminer après un deus ex machina pathétique lorsque le héros tombe avec le bad-guy d’un hélicoptère. Après cinq minutes de chute libre pendant lesquelles il a le temps d’insulter la mère du méchant, de l’étrangler puis de passer un coup de fil à sa copine (oui oui) il finit par s’écrouler sur le toit d’une voiture, rebondit et s’éclate la gueule sur le bitume. La face collée à l’écran, dans un plan qui m’a rappelé furieusement la mort du dernier lascar de Cannibal Holocaust (la caméra est à 90°). Il est mort c’est fini. Ouf.
On ne peut excuser les auteurs de cette merde qui n’a d’extrême que sa beauferie, vu qu’ils sont à la fois caméraman, scénaristes et réalisateurs ! Responsables et coupables. Pour des auteurs aussi complets, quatre murs ce sont assurément trois de trop ! On ne s’étonnera donc pas vraiment de savoir qu’ils vont ressusciter leur héros pour une suite (Crank 2 High Voltage pour 2009) qui s’annonce bien étant donné qu’ils restent aux commandes ! Le pitch ? Statham va se faire greffer un nouveau cœur, problème il faut que celui ci subisse des chocs électriques régulièrement. Soyez chic, greffez un cerveau à au moins un membre de l’équipe pour Crank 3