lundi 27 août 2007

CLERKS 2


Clerks est définitivement l’un des petits chefs d’œuvre du cinéma indépendant américain, un film à ranger aux côtés de métrages comme Lune Froide, C’est arrivé près de chez vous ou Aaltra. En faire une suite n’était pas forcément une mauvaise idée et retrouver nos deux branleurs plus de 10 ans après le film original pouvait être intéressant, l’acidité comique de la jeunesse finissant par devenir douce-amère par la nostalgie du temps passé… Et si c’est effectivement dans cette direction que Kevin Smith tente de tirer une partie de son nouveau film, le problème, c’est que le reste se vautre dans l’inanité d’une comédie romantique absolument insignifiante : Dante a le cœur pris entre deux superbes (et totalement improbables) jeunes filles, laquelle va t’il choisir ? Abandonnera t’il son copain pour partir en Floride suivre la voie toute tracée que lui offre la blonde et sûre d’elle Emma, ou restera t’il avec son pote pour s’accomplir avec la brune et pétillante Becky ? Cette question haletante qui passionne déjà tous les amateurs des après-midi téléfilm d’M6 nous est donc développé ici en couleur et dans une réalisation brillante de nullité. Passons donc sur cet aspect misérable et définitivement hors sujet pour revenir à nos p’tits moutons : le quatuor Dante, Randal, Jay et Silent Bob. Pour eux, l’interprétation est totalement en roue libre et on a rarement vu un « muet » jouer aussi mal, Kevin Smith étant aussi bon qu’un acteur de sitcom pré-pubère qui n’aurait pas dépassé l’épisode pilote ! Les autres font ce qu’ils peuvent mais vu ce qu’ils ont a défendre… Difficile de se faire une idée ! Un petit nouveau, Elias, est joué par un inconnu qui aurait du le rester : Trevor Fehrman et qui interprète son personnage avec encore moins de nuance que si il était dans un épisode de South Park ! Accordons lui tout de même le bénéfice du doute tant son personnage est une caricature mal dégrossie provoquant des gags pas drôles et tombant à plat ou sortant des lignes de dialogues très souvent ratées, voire parfois carrément honteuses ! Ce bâclage intégral et irrespectueux des personnages s’articule durant une heure et demie autour de gags régressifs minables : une discussion pas écrite sur la pratique du léchage de cul (ouarf) ou un geek puceau et bourré qui se branle devant un gros moustachu qui suce un âne (ouarf ouarf ouarf)… Et ça, c’est à peu prêt tout ce que le lourdaud Kevin Smith a à nous proposer. Au delà du « régressif », le « transgressif » est au même niveau : que ce soit la tirade inepte sur la religion sortie par Jay ou le dialogue sur la portée raciste de différentes expressions on continue de patauger dans une fange artistique, sorte de chiasse filmique colorée qui a au moins le mérite d’être parfaitement illustrée par une photo strictement dégueulasse ! Ce n’est pas l’inévitable papotage de geeks qui sauvera cette grosse merde car le scénar n’a strictement rien à dire et ressert au spectateur accablé une louche de «Lord Of The Ring versus Star Wars»… Réhabiliter la mise en scène de mamie avec des préoccupations de geeks en carton, merci Kevin Smith, tu nous fait rêver ! En fait, si tout ceci ne faisait que tourner en rond, ce purin sur pellicule au scénario poussif et idiot ne serait fondamentalement pas détestable, nul assurément, mais pas détestable. Parce qu’en fait le gros soucis de ce sitcom gluant c’est là où il abouti et le truc coince carrément dans cette réflexion de demeuré sur l’amitié et la nostalgie… La relation et les interrogations de deux potes qui refusent de grandir mais qui se retrouvent finalement vieux à force d’être jeune est un thème passionnant (magnifiquement traité dans le film de Bouchitey, Lune Froide) mais qui est ici expédié en quatrième vitesse lors d’une scène vraiment très nulle et par le biais de trois lignes de dialogues vraiment ineptes. «Restons amis, sois maître de ton destin en devenant père et reprenons notre magasin de jadis grâce aux économies des deux dealers…» Clerks 2 n’a finalement à proposer en conclusion qu’un conformisme effarant rebondissant sur une astuce bien fainéante sortie d’un scénario particulièrement tire au flanc. Cet incompétent de Kevin Smith tente donc de se vautrer pendant une heure et demie dans diverses provocations sinistres pour finalement nous prouver que ses branleurs sont aussi cons que tout le monde. Une vraie réussite quoi…