dimanche 15 juillet 2007

PATHFINDER


Soyons clair, la seule réussite du film de Marcus Nispel est d’être parvenu à reproduire à l’identique et de manière crédible l’univers de Frazetta grâce à une photo et une direction artistique particulièrement réussie. Incontestablement tout ceci aurait du servir le film et lui offrir sur un plateau une puissance évocatrice, mythologique et épique d’une rare efficacité ! Mais le teuton Marcus Nispel semble prendre plaisir à massacrer la force de son matériau de base en accumulant erreurs et incompétences. D’abord offrir le rôle principal (Ghost) à Karl Urban était peut être une bonne idée s’il s’agissait de trouver quelqu’un qui joue aussi bien qu’une tête de mort ! C’était bien vu, mais c’est quand même raté car sa tronche d’ahuri fait pâle figure face aux vikings et surtout face au toujours impressionnant Clancy Brown dont la barbe et les cornes ont une palette d’émotions nettement plus variées et un jeu bien plus en nuances que ce que notre cher Urban arrive à proposer avec sa dégaine de saucisse aux hormones et son regard bovin. Nispel tricote pourtant autour de lui une histoire dont l’unique ambition semble être de cumuler le plus de clichés et de pompages possible… Les figures obligées de ce genre de spectacles sont donc toutes réunies : massacre dans le village, fabrication de pièges, planque dans les bois… Conan, dont l’influence reste encore écrasante 25 ans après sa sortie, est donc pillé en bonne et due forme (la scène où la grosse endive chevelue manie l’épée fait vraiment pitié), Rambo bien sûr (survival dans les bois oblige), le surestimé 13ème Guerrier, le Dernier des Mohicans, Little Big Man… Bon ok, on est pas forcément là pour avoir un scénario super fouillé, mais si on est incapable d’écrire trois lignes qui n’ont pas déjà été écrites cent fois il vaut mieux en dire le moins possible. Les éléments épars qui mis bout à bout sont censés former une histoire sont clairement traités par dessus la jambe et on se demande juste quelles peuvent être leur utilité à ce niveau !? Love story franchement éculée, tellement éventée qu’elle en devient lourdement pénible, pareil pour la figure du vieux chef à la sagesse en papier crépon qui accumule les scènes d’une aberrante bêtise et d’un ridicule achevé (mention spéciale à la scène sous la glace), l’indien pas cool qui reviendra sur ses a priori et se sacrifiera pour le héros, le sidekick handicapé mais sympa et rigolo qui aidera le héros après que celui ci l’ai préalablement rejeté, les méchants qui rigolent tous bêtement ou qui poussent des grognements chaque fois qu’ils sont plus de 3 dans le cadre… La vraie violence, celle qui fait vraiment mal, est finalement là, dans la bêtise de ces grosses ficelles évidentes qui fouettent le cerveau du spectateur pendant prêt d’une heure et demie, pensant qu’épuisé par la nervosité du découpage il gobera sans rien dire ces fatigantes banalités. Par la faute de ce traitement scénaristique inepte, on est donc pas prêt de s’intéresser aux malheurs de ces indiens, parmi les plus couillons qu’on ait jamais vu à l’écran ! Il ne reste finalement qu’une succession de combats routiniers tous orchestrés autour du gros flan emplumé. Et si c’est dans toutes ces scènes de fight que le film aurait du faire la différence, c’est de nouveau le naufrage ! Contrairement à 300 qui proposait des chorégraphies ridicules traitées par une stylisation outrée, ici, ce sont des chorégraphies brouillonnes, un montage totalement incohérent et des cadrages bien trop serrés qui rendent quasiment toutes les bastons incompréhensibles. Parce que le vrai gros barbare dans cette histoire c’est pas le gros viking, c’est surtout pas Urban la grosse huître bodybuildée non, c’est lui, c’est le monteur, le gars qui a découpé tout ça probablement à la hache de combat et avec un casque posé à l’envers sur sa tête. D’abord ennuyeux le film finit par être totalement indigeste et agace le spectateur qui préférait qu’on lui présente tout ça en carte postale plutôt qu’en long métrage ! Comme si tout ça n’était pas suffisant ce spectacle éprouvant finit d’être sabordé par un score débile qui ne sait que faire et qui n’arrive pas au niveau de la trompe de chasse des vikings, infiniment plus lyrique. Pour conclure ce n’est pas exagérer que de dire que Pathfinder est au souffle épique ce que l’asthme est à l’apnée.

7 commentaires:

Vincent a dit…

J'ai pas vu celui-ci... Mais je t'en ai trouvé un autre, si jamais tu tombe dessus, c'est : Tolérance Zéro, si jamais t'as l'occasion.
Je pense que tu seras pas déçu !

junko a dit…

Oui mais sais tu qu'il existe un Tolérance Zéro 2 ?! Ah ah ah... Bon, j'ai vu ni l'un ni l'autre... Mais là ces derniers temps j'ai plutôt vu des bons films (Arrivederci Amore Ciao, Abandonnée, Hot Fuzz...)

Vincent a dit…

Rhooh, la vache... C'est comme AVP2, ça, alors... J'aurais jamais cru qu'ils allaient oser, lol !!!!
"Oh, mais les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît !" (les Tontons).

pierre duys a dit…

uhuhu, pas vu, mais c'est bien dit.

Anonyme a dit…

Ben Karl Urban, il était bien dans "Lord of the Rings", non ? Bon, c'est vrai qu'il n'a pas eu à se forcer beaucoup, mais bon...

G-Skifo a dit…

Rien qu'à voir le synopsis je m'attendais à voir un film naze mais quand j'ai vu la bande annonce j'en été convaincu.

Unknown a dit…

"le surestimé 13ème Guerrier"

Voilà une idée reçue sortie d'on ne sait où et que je n'ai que trop souvent lu sur le Net.

Alors maintenant ça suffit. Stop.

Sans dec', il suffit d'aller checker les notes du film sur imdb ou rotten tomatoes, lire un peu les reviews d'époque, voire même les plus récentes, pour constater que ce film est tout sauf surestimé.

Un film maudit à peine estimé, voilà la vérité. Le syndrome Heaven's Gate dans toute sa cruauté.

Tout le monde s'en fout, ou à peu près, de cette péloche terreuse, et boiteuse.
Il n'y a bien qu'en France pour voir certains amoureux timorés et autres clandestins de l'art pictural rendre hommage à ce monument de mise en scène épiquo-naturaliste.

Et ça c'est triste.