mercredi 8 octobre 2008

DANTE 01


Voila donc le premier long métrage de Marc Caro qui jadis avait réalisé avec son compère Jean Pierre Jeunet l’excellent Delicatessen ainsi que la soporifique Cité des enfants perdus. Depuis Jeunet a connu le succès et Caro, lui, a travaillé avec Pitof, et Jan Kounen. C’est dire si le garçon doit avoir les boules.
Et c’est sûrement parce qu’il a les boules qu’il a voulu impressionner tout le monde avec un film de SF mystique. C’est un peu plus sérieux que les intrigues très France-pantoufle de son ancien collègue. Et forcément pour en jeter, le plus simple dans ces cas là c’est de pas se casser la tête à écrire une histoire mais de balancer n’importe quoi à la gueule des gens pour qu’ils aient l’impression qu’il y a quelque chose à saisir, pour que les étudiants puissent étudier et que les critiques critiquent. Avec un peu de chance un mauvais papier dans Télérama permettra de prendre une position d’auteur véritable, un lynchage sur internet sera le signe évident d’un génie incompris…
On a donc pour l’ânerie qui nous préoccupe aujourd’hui un prisonnier du nom de St George (Lambert Wilson) qui déboule à Dante01 une prison de l’espace en forme de crucifix où les autres prisonniers s’appellent Moloch, César, Bouddha, Lazare ou Attila et où les deux scientifiques qui bossent sur les méandres tourmentés de l’âme humaine s’appellent Perséphone et Charon. Pas la peine de vous expliquer à quoi renvoient ces différents noms, c’est juste pour faire mystique (Caro a vu ça dans Matrix, ça marchait très bien). Car bien sûr le réalisateur s’astique le jonc à l’idée qu’avec des patronymes aussi connotés et qu’en commençant son histoire par « il était une fois » ça va donner de l’ampleur à son scénario, évidente parabole du destin de l’humanité. Pas la peine non plus de se demander pourquoi ils sont tous rasés à blanc, il a vu ça dans Alien3
Le problème, c’est que si on se jette par la fenêtre au cinquième étage, c’est pas en se foutant une plume dans le cul que ça changera quoi que ce soit au résultat, mis à part qu’en plus de se casser la gueule, on aura l’air con… Et toutes ces citations foireuses, c’est autant de plumes que Caro plante dans le cul de son film.
Mais ne nous laissons pas distraire par l’évidente prétention du désopilant postulat de départ et reprenons le résumé de l’histoire pour ceux et celles qui n’ont pas perdu 80 minutes de leur vie à regarder la piètre et poisseuse conclusion de cette branlette ridicule. Donc, St George ne peut pas mourir, il est insensible aux gaz et il arrive à soigner les gens par apposition des mains en sortant des raviolis lumineux qui symbolisent le mal puis en les dévorant comme si c’étaient des gros cafards d’une épreuve de Fear Factor. Une heure plus tard, alors que tout le monde va mourir car la station a bêtement quitté son orbite, les raviolis encerclent son cœur et puisqu’il s’est nourri de nos peurs, de nos maladies donc de nos pêchés, il est temps pour lui de nous sauver, ça aura pris 88 longues minutes, et 26 euros pour le dvd merci !
Si le film se veut aussi sérieux que 2001 et la Bible réunis alors qu’il n’arrive qu’à être encore plus con que The Fountain, c’est une chose. Caro a raté son exégèse, c’est un fait. Mais que reste t’il du spectacle de science-fiction proposé ? Bordel, c’est pas parce que c’est con comme la lune qu’on ne peut pas s’éclater au spectacle jouissif d’un film de SF, ce genre est devenu tellement rare…
En plus, au niveau visuel, je rappelle quand même que Caro est une légende, Métal Hurlant tout ça, il a bossé avec les plus grands (Pitof, Jan Kounen) c’est pas rien ! Mais malheureusement, plombé par une réduction de budget il ne parvient pas à retrouver la maestria de Blueberry et on se retrouve en bout de course avec des effets unilatéralement laids et répétitifs. Caro a beau secouer sa caméra ou trouver des angles de vues alambiqués, ça n’y change rien…

Puisqu’on en est là, j’en profite au passage pour fustiger les images de la Cité des enfants perdus et d’Amélie Poulain de son pote qui étaient des films aux images continuellement verts et rouges (cadre tout vert avec juste une pointe de rouge ou l’inverse, jusqu’à la nausée), là, Caro nous ressort une nouvelle fois cette astuce assez nulle et en tous cas très moche. Mais il a travaillé et son film il l’a peaufiné pendant des années alors ce surdoué issu de la BD a trouvé l’idée pour se démarquer des films de son pote : Ce coup ci, ça sera vert et… orange ! Tartinée sur photoshop, la photo du film est d’une putasserie rare avec son petit air genre pouf pouf personne le verra…

Même principe pour le casting, avec Jeunet à l’époque ils embauchaient des sacrées gueules, ça fonctionnait bien, Jeunet depuis il continue et ça marche bien pour lui, il a fait Alien et tout, alors bon comme Caro aussi veut aller aux USA, il continue d’appliquer la même vieille bonne recette ! C'est ainsi qu'on retrouve autour de l’attendu Dominique Pinon un défilé de gueules connues (Levantal, Lochet, Hadji Lazaro, Colette…) et ce qui est bien avec ce genre de tronches, c’est qu’elles existent par elle mêmes, ainsi pas besoin d’écrire leurs rôles, on a juste à les poser dans le cadre et ça doit suffire. Résultat, son film de SF mystique a une dégaine d'épisode des Deschiens dans lequel le chanteur de Pigalle s’apprêterait à chanter le Bar Tabac de la rue des martyrsen attendant que Levantal nous fasse le coup de la roulette russe en sniffant de la coke ! A croire qu’après avoir taffé avec Pitof et Kounen, Caro a appris la direction d’acteur chez Besson ! Au milieu de ce cirque improbable, Lambert Wilson a l’air habité par son rôle, même si finalement on peut se demander si il ne serait pas plutôt un peu gêné et un peu inconfortable. Il reste prostré dans un coin, se faisant discret, tentant de se faire oublier, bien content qu’une seule ligne de dialogue n’ait été écrite pour lui (« je vois la lumière »). Ceci dit le spectateur lambda, témoin du spectacle inepte de ce film ni fait ni à faire, aura sans peine la même race mortifiée... Sauf que lui la lumière ben il faudra qu’il aille aux chiottes pour avoir une chance de l’apercevoir !

Au niveau des dialogues, on nage dans l’absurde le plus total. C’est tellement autre que ça en devient mystique, je dirai même que c’est carrément l’incarnation grammaticale de l’expression « en roue libre », c’est la synthèse parfaite de la connerie et du j’m’enfoutisme intellectuel. Tenez vous bien, parce que c’est gratiné ! La méchante compagnie « la Neurinos » (on peut pas faire plus tarte) décide de commercialiser l’ADN de l’ange St George mais Perséphone qui aime les Hommes n’est bien sûr pas d’accord (rien que d’écrire les tenants et aboutissants de ce film me donne envie de faire sur moi) et le fera savoir à cette saleté de chinoise (très méchante mais bien foutue, on nous la montre à poil au début pour nous troubler dans une pathétique tentative de faire diversion) en tentant de la terrasser à coups de lieux communs définitifs et de phrases nulles comme « Qui peut se vanter de connaître les hommes ?» ou comme « Vous pensez qu’il suffit de rafistoler un bout d’ADN pour résoudre les mystères de l’esprit humain » pour finalement la terrasser d’un implacable « La vie ne se limite pas aux protocoles ». Et cette pauvre Simona Maicanescu ne fait pas que dire des conneries à ses collègues, elle commente en plus le film du début à la fin, faisant disparaître peut être le dernier soupçon de mystère qui aurait pu surnager dans le résultat putride de l’onanisme de Caro. A la vue des deux comédiens jouant les scientifiques, Maicanescu donc et Gerard Laroche (qui joue les yeux globuleux à merveille) et dont la prestation est à l'unisson du reste du casting, on se dit que le film aurait été plus cohérent s'ils s'étaient appelés Tanche et Mérou...

Passons rapidement sur les aberrations d’un scénario anorexique : le prisonnier qui a un ordi portable en secret alors que leur cellule se résume à deux pièces et trois couloirs, l’ange qui a besoin d’une combinaison pour être dans l’espace alors qu’il ne peut pas mourir, les commandes de la navette sont accessibles uniquement par le quartier des prisonniers et au travers d'un couloir remplis d’eau bouillante…

Un script qui n’a de cosmique que sa prétention, des dialogues misérables, une photo vulgaire, une mise en scène aux effets surannés… Tout ceci finalement ne serait rien sans un final à la hauteur. Et cette apothéose arrive au bout d’une heure de film, doctement anticipée par Perséphone qui prévient d’un ton philosophe l’auditoire qu’il va bientôt être temps de rallumer les lumières et de revendre ce DVD au plus vite : « Si nous appartenons tous à la lumière, il convient en chacun de nous de faire reculer les ténèbres », Lambert Wilson sort donc de la station, puis le mal qu’il a extirpé de nous autres pauvres pêcheurs se transforme en lumière (en forme de spirale, ça fait ADN c’est classe), trois minutes sur 2 plans à effets qui se répètent et finalement avant de disparaître la station apparaît au bord de la Terre comme apparaissait l’enfant des étoiles de 2001. Les voila tous « saints » et sauf. Amen. Vous pouvez rire, je pensais avoir tout vu avec le sperme de l’arbre et le Jesus-salade de The Fountain, là, Caro a carrément ouvert une porte des étoiles vers le concept même de la connerie et du n’importe quoi.
Faire semblant qu’on se masturbe sur des thèmes mythiques alors qu’on n’a fait que déféquer un beau paquet de crotte, c’est finalement plus médical qu’autre chose.
Il n’est pas au niveau de 2001, même pas au niveau de The Fountain ou de Blueberry, finalement, Caro est narrativement et visuellement au niveau de la pub pour la prévention du cancer colorectal.

Caro, Gens, DuWelz, Laugier, Pitof, Bustillo... Vous voulez pas faire des comédies populaires, qu'on puisse souffler un coup ?!

19 commentaires:

junko a dit…

Bon, voila, désolé d'être resté longtemps sans poster, mais j'ai eu pas mal de trucs à faire ces derniers temps...
En tous cas je suis de retour, prochain post assez vite avec j'espère une note un peu plus légère que celle ci, un poil laborieuse ! C'est la rentrée... il faut se remettre dans le bain ! En tous cas Dante 01 est une bouse horrible. Et tous ceux qui pensent que je m'acharne sur le ciné de genre français peuvent remarquer que je n'ai pas parlé du Martyrs de Laugier, parce que même si j'ai trouvé le film pas très bon, c'est quand même pas aussi nul que A l'intérieur, Frontières ou Dante 01 !
A tobien !

Anonyme a dit…

Moi, rien qu'en voyant la pub tv de ce truc, j'ai tout de suite eu peur du résultat.
Un autre dans le genre semble etre fatiguant, c'est Eden Log, J'ose meme pas le regarder (j'ai bien éssayé 10 minutes, mais il ne se passe rien a part un mec qui patauge dans le noir, dans une boue pleine de cadavres o_O le pire : il y a Clovis Cornillac dedans, ca pourrai te plaire :D )

Shifted a dit…

Très cool ce post-ci! Bien tourné!

Je ne vais que suggérer un autre film bien pérave et récent (et aussi avec Clovis \o/) un film français de genre, aussi, mais pas de ce genre-là, Faubourg 36, assez consternant (même si ce n'est point trop surprenant).

Anonyme a dit…

faut que tu nous fasse une critique de eden log, 2 heures à voir un gars ramper dans la boue c'est mythique...

Anonyme a dit…

Reste l'affiche qui est jolie...

Anonyme a dit…

Pour l'affiche c'est moi qui cause, ces mots de passe me brisent les couilles et le mot anonyme pareil. (PS : chut, laisse moi raler,merci)

Operator a dit…

"Mais malheureusement, plombé par une réduction de budget il ne parvient pas à retrouver la maestria de Blueberry et on se retrouve en bout de course avec des effets unilatéralement laids et répétitifs."

Il me semble que les contributions de Caro à Blueberry se limitent au design de quelques décors.

Anonyme a dit…

Rooh, moi je l'aime bien, la pub pour le cancer colorectal, avec la grosse tumeur qui sourit...

Anonyme a dit…

Haaa! Enfin un nouvel article. Ça me manquais et quoi de mieux que ce joli légume pour repartir du bon pied. Bonne continuation.

Anonyme a dit…

Cette manie de piocher des noms dans le dictionnaire des mythologies et des religions histoire de s'astiquer le créateur commence à bien faire.

Merci pour cet article qui a ensoleillé ma journée...

junko a dit…

Black Sharne...
Faubourg 36, au secours ! Je le garde pour plus tard...

Anonyme :
Eden log, toujours pas vu, j'ai même la flemme de le DL alors bon...

Anonyme (Djobol)
Moui, et encore, Caro aurait pu se fouler un peu plus et nous faire un beau dessin !

Operator :
Oui oui, mais ma phrase était ironique. Enfin je pense...
(par contre ton blog est flippant)

Encrenoire :
Tout à fait, comme quoi les français savent faire des petites comédies avec des effets spéciaux eh eh...

et merci aux deux suivants !

Anonyme a dit…

Welcome back Junko!
Ca me manquait de me marrer sur tes critiques dévastatrices. Encore un film que je n'irai pas voir!
Je vais néanmoins essayer Blueberry pour comprendre ce que tu lui reproches. Je sens que je vais le regretter -:)

Anonyme a dit…

J'aurais du t'écouter. Blueberry a été bien pénible a terminer. A croire que pour ce réalisateur le visuel passe avant la narration. Et puis ce film ne porte de Bluebbery que le nom: on a pas du lire la même BD... navrant.

Anonyme a dit…

c'est un tres bon film

junko a dit…

aaaah mais oui, maintenant que tu le dis, ça me saute aux yeux.
Merci, tu m'as convaincu !

Manou a dit…

Je voudrais pas jouer les casse-couilles mais je ne peux m'empêcher d'exprimer mon ennui et mon dégout à la vue de ce film. Rien n'a de sens, j'ai essayé de comprendre, je me suis bien concentrée, mais nan, j'y suis pas arrivée. Je suis vraiment traumatisé par ce film, non pas par les images dégeu' qu'on nous fait bouffer tout le long du film, mais par le temps perdu à regarder cette daube. Je n'avais jamais vu un film aussi dépourvu de scénario. Un peu plus de dialogue ou de sens (tout simplement) aurait pu aiguiller le spectateur dans la compréhension d'une quelconque histoire. Ah moins que ce film ne soit en fait qu'une "private joke". Faudra qu'on m'explique aussi ce que Lambert Wilson avait fumé le jour où il a accepté le projet. Projet qui n'aurait jamais du voir le jour d'ailleurs. Bref, je m'arrête là, je pense que tout le monde à bien saisi le fond de ma pensée sur ce film...

Anonyme a dit…

Dommage que personne ici ne connaisse rien à la science-fiction. Ni à la plus petite profondeur d'un film, car (et oui!) un film est fait pour autre chose que pour son intrigue et son aspect premier !
Apparemment aucun d'entre ceux qui ont laissé des commentaires n'a mis en marche son cerveau avant de regarder le film où de lire "l'article". Regarder le film après avoir lu ce dernier et s'être laissé influencer par un cynisme très fatigué.

Que l'un d'entre vous réalise un dixième de cette oeuvre, et je me coupe un bras xD

junko a dit…

Mon cher trou de balle, dommage que tu ne daignes pas nous éclairer. La gratuité de ton commentaire n'a d'égale que celle de ma réponse :
Va chier, bouseux.
Et ne fais pas de promesses que tu ne pourrais pas tenir, même en métaphore.

Orik21 a dit…

Je trouve ce blog plutôt bien fait, dommage que cela donne lieu a des batailles verbales acharnées entre les lecteurs et Junko qui est apparemment le rédacteur... Le cinéma est trop beau pour mériter une telle babarie, calmez vous donc et appréciez ce qui vous plait, ne critiquez pas avec gratuité...