THE FOUNTAIN

Après l'intéressant Pi et l'emballant Requiem for a dream, j'étais curieux de savoir ce que nous réservait ce coup ci Darren Aronofsky... C'est donc The Fountain, un film proposant une fable sur l'amour dont l'(unique) astuce est de se dérouler sur trois niveaux temporels différents, le tout baignant dans des thèmes très évocateurs comme l'immortalité, la fontaine de Jouvence, l'arbre de vie, le troisième oeil, les vols yogiques ou encore les expérimentations sur des singes (enfin ça c'est surtout moi, passke dans le film on s'en fout un peu)
Une fois passée la crainte suscitée par le premier carton (un texte de la Genèse qui laisse présager une désespérante nunucherie qui ne sera finalement pas démentie de tout le métrage) on peut quand même reconnaître que l'entrée en matière en jette ! Trois conquistadors, des guerriers mayas et une baston, certes rapide, mais dont on ressort vaguement intrigué... Et puis, et puis... Et puis au fur et à mesure que péniblement le film se déroule et que l'on vaque d'une époque à l'autre, l'émotion qu'on aurait aimé (ou dû) ressentir fait place à une atterrante consternation face à un Hugues Jackman totalement ahuris, barbotant dans un portinwak intégral ! Aronofsky développe au travers de son bordel filmique et par la grâce d'une philosophie digne d'un écolier de sept ans qui serait révolté par la mort de son poisson rouge ("la mort est une maladie mortelle et on en guérira tous" nous jure, poings serrés, le médecin !) le chemin d'un homme qui disparaît au profit de sa quête, se sacrifiant lui même sans parvenir à sauver celle qu'il aime... Tout ceci est d'une telle bêtise qu'on se sent gêné devant des acteurs sacrifiés par une mise en scène qui préfère s'éclater à filmer des ronds, des puits lumineux, des poils en gros plans ou des amas gazeux numériques... L'étroitesse du budget dû à la fuite précipitée de Brad Pitt (préférant une autre bouse à celle ci : Troie) ne laisse pas grand chose à filmer à Aronofsky et celui ci ne se gène pas pour répéter indéfiniment les mêmes séquences ! Il va même jusqu'à balancer des scènes totalement hors sujet pour le plaisir d'un symbolisme ultra lourdingue comme celle du médecin marchant dans les rues sans aucun son pour nous asséner, une fois de plus, qu'il s'est enfermé dans sa bulle... Au sens figuré, au sens propre et si t'as toujours pas compris on t'en remet encore une louche en te le balançant filmé en plongé au centre d'un cercle de lumière... Au bout d'un moment on se rend compte que la vacuité abyssale de ce fatras indigeste est finalement inversement proportionelle à la profondeur de petit bain de son propos ! Lorsqu'on commence à subir des scènes ahurissantes de tai shi dans les étoiles on se demande si tout le budget ne serait pas plutôt passé dans la gueudro !
Pour épater les gogos fan d'ésotérisme et misant sur un improbable culte que pourrait lui vouer les sectes new ages du monde entier, le film se permet des envolées lyriques que n'aurait pas renié Blueberry, la stupéfiante merde du toujours scotché et jamais redescendu Jan Kounen ! Au moins dans le western délirant du français c'était ptête du grand n'importe quoi, mais au moins on avait des crocodiles volant... Là, c'est un conquistador transmuté en Jésus qu'on nous sert (ah ah) Et vazi que je marche sur l'eau avec une plaie béante au flan (ah ah ah !) Et vazi donc que je tête le sperme s'écoulant lentement du tronc de "l'Arbre de Vie" (aaaaah arrêtez c'en est trop !) Et si t'en as pas assez vazi que je me transforme en salade géante (ah oué mais là respect ! c'est vraiment la classe...) Cette scène, qui vaut à elle seule la vision de cette daube, pourrait mettre à terre n'importe quel spectateur normalement constitué (et pas habitué au Z) mais Aronofsky a sucé les mêmes crapauds que Kounen alors il en peut plus et propose un final grandiose au spectateur qui n'en demandait pas tant : notre héros s'ouvre alors un troisième oeil puit de lumière et notre Sainte Laitue se métamorphose en yogi cosmique, sorte de Dave Bowman tondu, volant dans la galaxie dans la position du lotus... Je jure aux gens qui me lisent et qui n'ont pas vu le film que je n'invente rien !
C'est con de se la péter à mort comme ça pour n'avoir à proposer qu'une philosophie de neuneu dont l'entière substance tiendrait écrite au stylo rose à paillette sur une trousse de collégienne. Ce film fait un peu la même impression que lorsqu'on est dans une soirée au milieu de gens tout tripés alors qu'on est pas foncedé du tout, au mieux c'est drôle, au pire c'est pathétique... Et ben là c'est pareil, ce film, c'est vraiment trop la honte pour Aronofsky !