mardi 15 mai 2007

L'AUBE ROUGE


En 1984 le célèbre et finaud John Milius est déjà bien connu pour quelques hauts faits : c’est lui qui a écrit le monologue de l’indianapolis des Dents de la Mer en 75, qui a écrit le scénar de Apocalypse Now en 79, celui du foufou 1941 de Spielberg la même année, puis c’est aussi lui qui écrit et réalise l’indéboulonnable Conan en 1982… Ce hippie convaincu (qui n’hésite pas à diriger ses films habillé en militaire) sort donc en 1984 cette curieuse Aube Rouge, un navet ce coup ci, mais un navet vraiment incroyable ! Cette pitrerie commence tambour et trompettes par une série de cartons catastrophistes (mais drôles) dans lesquels on apprend que les Russes envahissent la Pologne, que le Salvador et le Nicaragua sont tombés aux mains des soviétiques, que l’arrivée des Verts au pouvoir en Allemagne de l’Ouest a fait disparaître les missiles nucléaires tactiques en Europe de l’Ouest (sic !) et quelques autres qui m’échappent… Donc bon, l’histoire est simple, les USA subissent une invasion de soldats cubains et soviétiques, c’est carrément la 3ème guerre mondiale ! Alors plutôt que de nous montrer ça du point de vue des généraux, de loin, Milius montre ça du cœur de son pays, c’est relativement habile et ça masque un budget qui n’en permettait apparemment pas beaucoup plus ! On suit ainsi une bande de boy scouts (dont Patrick Swayze et Charlie Sheen tout jeunes, à crever…) qui prennent le maquis et arrivent à devenir des légendes de la résistance ! Si il y a un petit clin d’œil à la résistance française (Radio Amérique Libre annonce des messages similaires à ceux du Jour le Plus Long) on nous rappelle vite que dans cette lutte sans merci contre le mal, l’Europe a fermé les yeux et tourné la tête ! Que voulez vous braves gens !? On est en 1984, la France est gouvernée par les socialos communistes depuis 3 ans, dans la tête de Milius, Paris est déjà en Ukraine ! Comme analyse sociologique, le film est fascinant. La première scène montre les jeunes s’enfuir de leur école qui se fait canarder par d’immondes cubains (aux treillis assez rigolos), nos p’tits lycéens parviennent à arriver au magasin du père de l’un d’entre eux, qui en deux secondes, pas du tout surpris, leur file un stock d’arme… Comme si l’Amérique s’attendait à se faire envahir d’un moment à l’autre, ou comme si l’Amérique devait s’attendre à ça ! 5 minutes (5 semaines dans le film) plus tard, les deux frères retrouvent leur père parqué dans un goulag assez peu crédible, c’est le drive in du patelin et sur l’écran sont projetées des images de propagande accompagnées de discours communistes assez poilants ! Le père, donc, leur dit en substance : « Je me suis souvent montré dur avec vous, j’ai peut être même exagéré. Et ça a du vous arriver de me haïr. Maintenant je suis sûr que vous comprenez » La morale de l’histoire est ainsi posée de manière claire et nette dès les 10 premières minutes de film.
Après le parcours de ce groupe de résistant est d’une crédibilité totalement nulle, et on est surpris de voir ce film partagé entre le sérieux le plus strict, et le n’importe quoi le plus assumé… Le film aurait pu s’appeler « Les Goonies enculent Brejnev » !
Au niveau de l’action c’est assez nul, on a du mal à croire que deux gamines de 14 ans et 3 lycéens avec deux kalashnikovs et un lance roquette parviennent à mettre en déroute une colonne de blindé mais bon, pourquoi pas, rappelons qu’ils sont Américains, et qu’en face ils ne sont que russe, ou cubain, voir nicaraguayens… Trop facile presque !
Trop facile, m’enfin ça ne vaut quand même pas ce qui se faisait à l’époque (Rambo, Southern Comfort), on sent un budget un peu trop étriqué, et surtout l’imbécillité totale du scénario peut difficilement proposer des batailles ou des scènes d’action d’ampleur, même si on sent que Milius s’amuse comme un petit fou avec ses tanks et ses hélicoptères.
Bon je vous fais grâce d’un laïus sur l’apologie du sacrifice, de la bravoure, du patriotisme et de la construction nationale dans la haine de l’autre… Je préfère attirer l’attention sur quelques lignes de dialogues impayables et dont je ne peux résister à l’envie de reproduire ici un court exemple !
Imaginez la scène : Alors que nos amiEs les maquisards veulent exécuter un prisonnier russe et un des leur qui les a trahis... l’un d'entre eux s’offusque !
-Et la convention de Genève ?
-La Convention de Genève tu te la fous au cul !
(réponds son pote)
-Tu vas voir comment meurt un soviétique (rigole le russe, fourbe et grimaçant)
-Nooon si tu les tues, quelle est la différence entre nous et ces types ? (chouine l’un des partisans)
-La différence c’est que nous c’est notre pays ! (rétorque sèchement Swayze, l’ancien champion de foot du lycée)
…Bon après c’est les armes qui parlent et nos amis repartent joyeusement dessouder du communard ! Un très bon film de merde, comme on en fait pu…
(a noter que l’excellente musique de Basil Poledouris vient d’être rééditée en version complète récemment)

8 commentaires:

Anonyme a dit…

« Les Goonies enculent Brejnev » : Ah ! Ah ! Ah !
Et dire que je l'ai vu à sa sortie et qu'il ne m'en reste plus l'ombre d'un souvenir...

Anonyme a dit…

quelle atrocité.les films des années reagan viennent d'avoir un bouquin sur eux nommés "les films des années reagan" et c'est souvent le même prétexte à des délires trés guerre froide et réacs...bon moi je me suis endormi en regardant ce film qui repassait sur une improbable chaine du satellite.

romainblachier.typepad.fr

junko a dit…

je l'ai commencé ce livre, mais il a l'air plus axé sur les aspects techniques et financiers que ceux purement politiques...
A ce sujet je conseille l'excellent livre : Hollywood, le Pentagone et Washington dont je parle dans la note sur DIE HARD 4.

Anonyme a dit…

T'es vraiment un con.

Excellent film.Genial Milius.

junko a dit…

merci de faire vivre les commentaires des notes oubliées. Merci

La ganache a dit…

« Les Goonies enculent Brejnev »

alors celle la, je la grave dans du marbre marron !

vive les notes oubliées ^^

j'adore ton blog, nanarland et turkish star wars. Plus ça pique les yeux et le cerveau, plus j'aime. Merci encore.

Kakadoizo a dit…

Petit bémol, c'est Robert Shaw lui-même qui a écrit le monologue sur l'Indianapolis.

Ca n'empêche pas Milius d'être un gros réac' avarié et d'avoir osé pondre une daube telle que Red Dawn, dont, suprême ironie, un remake est en cours de préparation.

C'est les Talibans qui vont débouler sur le territoire américain cette fois?

serow a dit…

Desoler d'instorer un peut de defaitisme (tardivement dailleur) mais le tacheron en question a eu la bonne idée de ce recicler et d'ecrire un scenario...pour jeux videos .Le scenar en question et sans surprise "commen la corée du Nord envahie la corée du Sud puis les etats unis ,ses derniés etant defandu pied a pied par (vous l'aurez deviner) les civils"
Je ne doute pas dailleur qu'il ait ecrit le scenar en question abiller en millitaire